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Selon l'Organisation mondiale de la santé, on parle de résistance aux antimicrobiens ("RAM") lorsque des bactéries, des virus, des champignons et des parasites se modifient au fil du temps et ne répondent plus aux médicaments, ce qui rend les infections plus difficiles à traiter et augmente le risque de propagation de la maladie, de maladie grave et de décès.L'émergence et l'augmentation constante de microbes résistants aux traitements antimicrobiens sont devenues un problème de santé publique mondial qui menace le traitement efficace des maladies infectieuses. En effet, en 2019, on estime que 1,27 million des décès étaient directement imputables à la résistance aux médicaments dans le monde. D'ici à 2050, 10 millions de vies par an sont menacés. Dans l'UE, chaque année, 35.000 citoyens meurent d'infections dues à des bactéries résistantes aux antibiotiques, ce qui représente un coût annuel de plus de 1,5 milliard d'euros pour les systèmes de santé de l'UE.C'est dans ce cadre que le Groupement des pharmaciens européens (PGEU) vient d'éditer sa prise de position sur la Résistance aux antimicrobiens (AMR), résumée en 8 points:-Les pharmaciens d'officine jouent un rôle clé dans la gestion des antimicrobiens, notamment en donnant des conseils sur l'utilisation prudente des antibiotiques et autres antimicrobiens, ainsi que sur leur élimination correcte. Ainsi, en Belgique, 53% des personnes interrogées estiment que les pharmacies sont la principale source d'informations fiables sur les antibiotiques. -La révision de la législation pharmaceutique générale offre l'occasion de renforcer les programmes de gestion des antimicrobiens. "En raison de la nature transfrontalière du phénomène de l'AMR, les pharmaciens d'officine européens estiment que l'UE a une responsabilité particulière dans la mise en place d'une réponse multisectorielle pour lutter efficacement contre cette urgence de santé publique, en mettant en pratique les efforts de l'Union européenne de la santé. L'élaboration et la mise en oeuvre de plans d'action nationaux pour lutter contre ce phénomène croissant ont eu lieu au niveau national, et il est nécessaire de poursuivre l'engagement des parties prenantes pour enrayer ce que l'on appelle la 'pandémie silencieuse'".-Les pharmacies peuvent être utilisées comme des lieux de soins pour des campagnes de santé publique efficaces sur la résistance aux antimicrobiens. -Les pharmaciens sont des professionnels de la santé qualifiés pour effectuer des tests au point de service afin de dépister les signes précoces de maladies infectieuses et de différencier les infections virales des infections bactériennes. -Les pharmaciens d'officine ont montré que le réseau de pharmacies réparties sur l'ensemble du territoire offrait des services de dépistage très accessibles à la population pendant la pandémie de Covid-19.-Les pharmaciens d'officine jouent un rôle fondamental dans la vaccination en pharmacie, qui est un outil précieux dans la lutte contre l'AMR. -Les itinéraires cliniques intégrés disponibles dans certains pays ont donné des résultats positifs dans la délivrance d'antimicrobiens sur la base d'un protocole, à la suite d'un test effectué à la pharmacie. -L'accès des pharmaciens d'officine aux dossiers médicaux électroniques peut être utilisé pour renforcer les systèmes d'alerte précoce concernant le suivi des pénuries d'antimicrobiens.Au comptoirPlus précisément, le PGEU appelle les décideurs politiques à:-Développer et récompenser les services de pharmacie d'officine visant à l'orientation et à la prescription, l'utilisation et l'élimination rationnelles des antibiotiques, afin de contribuer à la lutte contre l'AMR dans les soins primaires.-Soutenir le développement de la pratique pharmaceutique par une rémunération adéquate des services pharmaceutiques visant à effectuer en temps utile des tests de dépistage des infections microbiennes au point de service.-Développer de nouveaux services et protocoles pharmaceutiques sur la gestion responsable des affections courantes, afin d'éviter les visites inutiles chez le médecin et d'alléger la pression dans les salles d'urgence.-Développer les services de vaccination en pharmacie, afin d'éliminer les obstacles à l'accès à la vaccination. -Renforcer l'éducation et la formation des étudiants en pharmacie et les programmes de formation professionnelle continue sur l'AMR et la prévention des infections dans le cadre d'une approche "Une seule santé".-Veiller à ce que les programmes d'élimination et de collecte mis en oeuvre par les pharmacies soient financés de manière appropriée.Pour éviter les pénuries-Introduire des mesures au niveau national accordant une plus grande flexibilité aux pharmaciens d'officine à trouver des alternatives appropriées lorsqu'un médicament n'est pas disponible.-Garantir la sécurité de l'approvisionnement en antimicrobiens existants, y compris par des systèmes de stockage dynamiques au niveau national et européen.-Lutter contre les ventes en ligne d'antimicrobiens en dehors de l'UE en encourageant l'utilisation de pharmacies "en dur" et en assurant une meilleure promotion du logo commun de l'UE pour les pharmacies en ligne.Le PGEU incite encore à promouvoir les changements législatifs nécessaires afin que les prescriptions de médicaments antimicrobiens précisent toujours clairement l'indication et que les conditionnements soient adaptés à la durée du traitement.Enfin, construire de nouveaux modèles commerciaux/incitatifs susceptibles de stimuler le développement de nouveaux antibiotiques, notamment par le biais d'incitations de type "push" et "pull", de partenariats public-privé, de financements pour les entreprises de recherche en phase de démarrage et d'une mise à l'échelle appropriée.