La société Ipsophène annonce son installation à Toulouse, pour produire et commercialiser du paracétamol dès 2025. Ce projet devrait restaurer une certaine souveraineté à l'Europe, régulièrement en proie aux pénuries.
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Ce projet de relocalisation de la production d'un principe actif essentiel en France et en Europe répond à la demande formulée par Emmanuel Macron dès 2020 et s'inscrit dans le programme France Relance. Une opportunité qu'avait saisie la firme Seqens en annonçant en 2021 relocaliser une partie de sa production de paracétamol en France et investir dans l'innovation pour développer un procédé de fabrication à la fois compétitif et respectueux de l'environnement. Après 18 mois de R&D, elle a mis au point un procédé utilisant la technologie de la chimie de flux, permettant une production rentable, avec une empreinte environnementale largement réduite : -75% d'émissions de CO2, -65% de consommation d'énergie, élimination des effluents et quasi-élimination des déchets. La construction de la future unité de production a commencé en janvier 2023 et la commercialisation du premier lot est prévue pour 2026.Aujourd'hui, c'est une autre société, Ipsophène, qui annonce qu'elle va s'implanter sur le site de l'Oncopole à Toulouse et qu'elle prévoit de commercialiser 3.400 tonnes de paracétamol en 2025. Cependant, "avant de pouvoir commercialiser son principe actif, Ipsophène devra obtenir le CEP (Certificat de conformité à la pharmacopée européenne) sur lequel elle travaille déjà. L'entreprise espère l'obtenir en six mois environ ce qui lancerait la commercialisation de son paracétamol au printemps 2025", explique France Bleu Occitanie. Le projet, de 28 millions d'euros, est financé à hauteur de 15% par la région Occitanie. Quant au prix du principe actif fabriqué à Toulouse, il devrait être entre 30 à 40% plus cher que celui importé de l'étranger : "Les laboratoires l'achèteront plus cher mais ils se sont tous fait très peur pendant le Covid quand la Chine a fermé ses frontières et multiplié par quatre le prix du paracétamol donc aujourd'hui ils souhaitent avoir une sécurité sur une partie de leur sourcing", précise Jean Boher, le président d'Ipsophène. Il ne dévoile pas encore le nom des laboratoires qui travailleront avec eux, mais il assure avoir déjà signé plusieurs accords. La dernière usine européenne de paracétamol a fermé en 2009, suite à la concurrence étrangère et aux coûts de production. Depuis, 85% de ce principe actif est importé d'Asie ou des Etats-Unis. Rappelons qu'en décembre dernier, l'Agence européenne des médicaments (EMA) a publié une première liste répertoriant plus de 200 médicaments considérés comme essentiels pour le fonctionnement des systèmes de santé des pays membres. Cette mesure vise à éviter les pénuries au sein des pays européens. A côté du paractémol, on y trouve la morphine, antibiotiques, antiarythmiques, préparations hormonales, produits anesthésiants, anti-infectieux, insuline, antiépileptiques, médicaments du système respiratoire, des vaccins et des traitements de maladies rares.Les médicaments identifiés comme critiques parce que difficilement substituables par un autre produit feront l'objet de mesures particulières, comme la prise en compte de la sécurité des approvisionnements dans les appels d'offres ou des recommandations pour diversifier les fournisseurs. Pour figurer dans ce répertoire européen, le médicament doit être considéré comme critique dans plus d'un tiers des Etats membres.