Caroline Lebbe, pharmacienne experte à la cellule médicaments de la Mutualité Chrétienne, a décortiqué les coûts des médicaments au cours de la MC Academy.
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Sur la totalité du budget des médicaments entre 2013 et 2019 on a pu remarquer une évolution signification de la dépense brute dans les différents secteurs, explique Caroline Lebbe, pharmacienne experte à la cellule médicaments de la MC. "Si Les dépenses en officine publique restent stables sur cinq ans (0.2%), en hospitalisation, la croissance est de 1%. Mais la plus grande croissance reste la partie ambulatoire par les officines hospitalières." Quelles sont les raisons de cette croissance? "Dans les officines publiques, ce sont surtout les vieux médicaments et les génériqués qui sont délivrés. Les prix sont donc diminués, malgré l' augmentation du volume. En milieu hospitalier, par contre, les médicaments sont plus spécifiques. Il s'agit de médicaments orphelins, ou encore oncologiques. La plupart sont de nouveaux médicaments délivrés par les pharmacies hospitalières." Des coûts opaques"Au niveau des affaires économiques, il n'est pas évident de fixer un prix", commente l'experte. "Il inclut tout d'abord la R&D, et connaître son coût n'est pas très facile. Cela varie d'une source à l'autre. D'autre part, la recherche publique, qui est souvent oubliée, investit aussi énormément et souvent les firmes n'en parlent pas alors qu'il faudrait en tenir compte." Elle se demande également si les coûts de marketing sont inclus, cela reste très vague selon elle. "Quant aux coûts de la production, il restent peu connus. Tout cela est donc très peu transparent", commente la pharmacienne. "Ajouté à cela, il y a de plus en plus de médicaments dont le remboursement est négocié via l'article 81 . On peut se demander comment les moyens publics sont dépensés puisqu'on ne connaît pas les termes des négociations entre l'Etat et les entreprises."Dans le coût interviennent également la notion de plus-value et l'amélioration de la qualité de vie. "Le médicament apporte-t-il une plus-value?, est-il meilleur que d'autres sur le marché? ou par rapport aux autres thérapies ?", interroge l'experte. "L'amélioration du service rendu n'est pas toujours sûre et ni très claire, mais il est important de l'évaluer." Faire des choixDes choix doivent être posés par rapport à la santé et au remboursement des médicaments. "On compare des médicaments mais on ne sait pas vraiment les comparer directement", explique la pharmacienne. "Certains pays ont comme critère d'intervention le QALY et ICER, comme aux Pays-Bas ou en Angleterre. L'outil de mesure ICER ( incremental costeffectiveness Ratio) compare la différence en qualité pour déterminer le plus efficient. Le QALY (Quality adjusted life year) compare les années de vie gagnées grâce au nouveau traitement pondérées par la qualité de vie et tient compte des effets secondaires.""En Angleterre et au Pays-bas, une limite a été établie au-delà de laquelle on ne rembourse plus. Le critère d'intervention se limite au Qaly. Faut-il suivre cette voie? Cela peut avoir des répercussions catastrophiques pour une personne qui ne peut pas avoir accès à ce soin. Mais ce qu'on ne dépense pas d'un côté, on le dépense de l'autre et en Belgique, par exemple, la psychothérapie n'est pas remboursée, alors que le taux de suicide est l'un des plus élevé en Europe", conclut Jean Hermesse.