L'European Society of Cardiology a mis à jour ses lignes directrices relatives au diagnostic et à la prise en charge d'une pression artérielle élevée et de l'hypertension artérielle. Selon elles, dès qu'on dépasse le seuil optimal 120/70, le risque cardiovasculaire augmente.
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"On ne devrait plus parler d'hypertension artérielle mais de pression artérielle élevée. On sait depuis longtemps, que la relation quasi linéaire entre l'augmentation de la pression artérielle et l'augmentation du risque démarre dès 120/70 et pas juste au-dessus de 140/90. On considère que la pression artérielle optimale est en-dessous de 120-70 et que dès vous dépassez ce seuil, le risque cardiovasculaire augmente", commente le Pr Atul Pathak pour la Fondation de recherche sur l'Hypertension artérielle. Dans ses recommandations 2024, l'ESC donne une nouvelle classification simplifiée de la pression artérielle et des processus de diagnostic, d'évaluation et de prise en charge des personnes présentant une pression artérielle élevée et une hypertension artérielle. Elles ont paru dans l'European Heart Journal (Octobre 2024;45(38):3912-4018).Les nouvelles valeurs seuils de pression artérielle sont les suivantes:PA normale : <120/70 en consultation et en automesurePA élevée : 120/70 à <140/90 en consultation HTA : ≥140/90 en consultation, ≥135/85 en automesureCette nouvelle définition, considérée comme une révolution, est basée sur les données épidémiologiques qui montrent que le risque de maladies cardiovasculaires attribuable à la PA est continu et non pas binaire (normotension/hypertension) et que les médicaments hypotenseurs réduisent le risque de maladies cardiovasculaires, même chez les sujets ne rentrant pas dans la traditionnelle catégorie des "hypertendus". L'objectif est de baisser plus bas qu'avant, non pas juste en dessous de 140/90 mais d'arriver entre 120 et 129 pour la systolique chez tout le monde.Ces recommandations confirment et entérinent donc l'intérêt de l'automesure tensionnelle, à savoir la mesure de la PA par le patient à son domicile, avec un appareil validé. La mesure de la PA du matin doit être effectuée avant le petit déjeuner et avant la prise de médicaments, mais pas immédiatement après le réveil. Après 5 min de repos, assis confortablement dans un environnement calme, le bras et le dos soutenus.Le patient doit suivre les mêmes étapes qu'à la consultation : deux mesures séparées de 1 à 2 min, deux fois par jour (matin et soir) à la même heure, pendant au moins 3 jours et idéalement 7 jours, enregistrer et faire la moyenne des mesures.Le rôle essentiel du pharmacien"La proposition la plus importante des recommandations ESC 2024 sur la pression artérielle est que l'objectif de la prise en charge d'un patient ayant une pression artérielle élevée ou une hypertension artérielle est d'éviter la survenue d'une maladie cardiovasculaire, plutôt que de se fixer uniquement l'objectif d'une diminution des chiffres de la pression artérielle", fait observer le Pr Xavier Girerd (Fondation Hypertension). "De plus, les experts de l'ESC 2024 ont fait le constat qu'une approche collaborative de la prise en charge de l'hypertension artérielle, fondée sur le travail d'équipe entre médecins, infirmières, pharmaciens, diététiciens, offrait des avantages par rapport aux soins dispensés uniquement par les médecins.""Les études randomisées prospectives réalisées en Asie et dans certains pays anglo-saxons ont démontré que si la prescription des traitements antihypertenseurs restait une prérogative du médecin, elle pouvait aussi être réalisée par d'autres professionnels de santé formés spécifiquement et associés au médecin par des accords de collaboration protocolisés et à l'aide d'outils numériques (plateforme de coordination, smartphone, tensiomètre connecté, application dédiée...). Ces études ont, en particulier, démontré l'amélioration de la prise en charge lorsque l'équipe comprenait des infirmières en pratique avancée, des pharmaciens ou des officiers de santé formés spécifiquement."