Contrairement aux idées reçues, la coqueluche n'a pas disparu de nos contrées, avertit l'Institut supérieur de santé publique (ISP). Elle est même en recrudescence : 500 cas en 2012, 850 en 2013 et 1400 en 2014. Or malgré l'innocuité démontrée du vaccin pour les femmes enceintes, beaucoup de médecins hésitent à vacciner leur patiente.
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C'est pourquoi l'ISP recommande sans délai une vaccination (de rappel) spontanée et systématique de toutes les femmes enceintes par l'ensemble des médecins. " Il s'agit d'un enjeu de santé publique stratégique si l'on souhaite enrayer rapidement et efficacement la recrudescence de cette maladie en Belgique. " Car celle-ci peut encore être fatale aux nourrissons.Contrairement à la croyance populaire, la coqueluche n'est pas encore éradiquée en Belgique. Depuis les années 1950 et la généralisation de la vaccination, le nombre de cas de coqueluche a certes considérablement diminué. Ces dernières années pourtant, le Centre national de référence pour la coqueluche enregistre une forte augmentation des cas recensés sur le territoire : 500 en 2012, 850 en 2013 et 1.400 en 2014. " La maladie n'épargne aucune catégorie d'âge au sein de la population et touche également les adultes. Dans la plupart des cas, les nourrissons sont d'ailleurs contaminés par des adultes de leur entourage qui sont infectés sans le savoir ", ajoute le Dr Kris Huygen, responsable du service Immunologie de l'ISP. Or pour les nourrissons de moins de six mois qui ne sont pas encore vaccinés, la coqueluche peut s'avérer fatale et des décès de nourrissons sont encore recensés presque chaque année en Belgique. " Compte tenu des symptômes atypiques chez les nourrissons, certains décès sont parfois indûment attribués au syndrome de 'mort subite' ", pointe l'experte. Vaccin inoffensif De nombreuses études scientifiques ont démontré le caractère inoffensif de la vaccination en cours de grossesse, tant pour la mère que pour l'enfant à naître. " Grâce au rappel anti-coqueluche, la mère développe des anticorps contre la maladie qu'elle transmet à son bébé via le placenta et éventuellement le lait maternel ", explique le Dr Huygen. Des chercheurs de l'ISP et du Centre pour l'évaluation de la vaccination (Université d'Anvers) viennent de publier un article dans Vaccine. Les auteurs - le Dr Kris Huygen (ISP) et le Dr Elke Leuridan (Centre pour l'évaluation de la vaccination) - y relatent les résultats de leur étude qui porte sur la réponse du système immunitaire de deux groupes de femmes - enceintes ou non - après une vaccination anti-coqueluche. En comparant la réponse du système immunitaire des deux groupes de femmes - un mois, puis un an après l'injection du vaccin de rappel -, elles ont constaté que la production d'anticorps des femmes " était identique dans les deux groupes ". En d'autres termes, " la grossesse n'exerce aucune influence négative sur la production d'anticorps ". Hélas, " dans les faits, et bien que l'innocuité de la vaccination anti-coqueluche durant la grossesse ait été démontrée scientifiquement à plusieurs reprises, certains professionnels de la santé font toujours preuve d'une certaine réticence à l'égard du vaccin ", constate l'ISP. L'ex-Institut Pasteur recommande donc sans délai une vaccination (de rappel) spontanée et systématique de toutes les femmes enceintes par l'ensemble des médecins afin d'éradiquer la maladie en Belgique.