Une enquête montre que les professionnels de santé estiment qu'il est urgent de communiquer sur l'antibiorésistance, d'autant que la complexité du sujet constitue un obstacle pour le grand public et qu'il est difficile de lutter contre les vieilles habitudes.
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Dans la dernière édition du magazine BeCare, datée de novembre, on peut lire les résultats d'une enquête d'évaluation du matériel de sensibilisation mis à disposition des professionnels de santé dans le cadre de la Campagne nationale contre la résistance aux antimicrobiens. Elle a été menée auprès des professionnels exerçant ambulatoire, soit 20 pharmaciens et 18 vétérinaires de petits animaux, certains ayant vu la campagne et d'autres non. L'analyse qualitative montre qu'il existe un besoin urgent de communication sur la résistance. Pour les professionnels de santé, "les patients doivent être 'éduqués' sur ce sujet, car l'avenir des traitements efficaces est en jeu. Ils ressentent une pression ou un reproche de la part des autorités fédérales, mais expriment surtout le besoin d'un partenaire de soutien qui comprenne leur réalité et leur offre une aide facilement accessible pour répondre à leurs questions ou doutes."La plupart des professionnels interrogés estiment que la complexité du sujet de la 'résistance' constitue un obstacle pour le grand public : "Beaucoup de gens trouvent les conséquences floues et considèrent cela comme un problème 'lointain'. En situation aiguë, les patients privilégient souvent une guérison rapide, économique et efficace. Les antibiotiques sont encore perçus comme le choix de traitement le plus évident. Les vieilles habitudes sont difficiles à perdre. Garder des restes d'antibiotiques ou arrêter un traitement prématurément diminue l'adhérence thérapeutique", ont-ils ainsi expliqué.Du côté des pharmaciens, l'analyse révèle qu'ils effectuent parfois une vérification supplémentaire de la durée et de la quantité prescrites et qu'ils attachent beaucoup d'importance à donner des instructions claires sur l'utilisation des antibiotiques. Une différence a également mise en évidence entre les pharmaciens spécialisés dans les soins de santé et ceux qui se concentrent sur la parapharmacie et les cosmétiques.Que pensent les professionnels de la Campagne nationale de sensibilisation sur les AB? Si la majorité la juge accessible, fraîche, colorée, et riche en informations, certains la considèrent néanmoins trop légère par rapport à la gravité du sujet. Sur le fond, ils pensent qu'elle touche principalement les personnes déjà sensibilisées au sujet.Enfin, ils font cinq recommandations pour améliorer une future campagne de sensibilisation :-Répéter la campagne à plus grande échelle avec une pression médiatique accrue;-Se concentrer sur l'aspect collectif : ensemble contre la résistance;-Intégrer des données pour sensibiliser et rendre le sujet plus concret;-Ajouter des informations de la campagne sur les emballages d'antibiotiques; et-Utiliser un slogan court et percutant, compréhensible pour tous, comme "Restez chez vous" pendant la pandémie de Covid.