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La proposition de loi portant "diverses mesures relatives aux tests antigéniques rapides et concernant l'enregistrement et le traitement de données relatives aux vaccinations dans le cadre de la lutte contre la pandémie de COVID-19" a en effet été adoptée par la Commission Santé le 14 décembre. Désormais, les pharmaciens ne peuvent plus vendre de tests antigéniques rapides ni d'autotests et ce, ni aux patients, ni aux médecins généralistes, ni aux maisons de repos: retour à la case départ donc après l'assouplissement de cet été. Cette loi donne le coup d'envoi au déploiement massif de tests antigéniques rapides dans le cadre la stratégie contre le coronavirus mais, seuls des distributeurs enregistrés ou les autorités publiques pourront livrer les tests, auprès des centres de tri ou de prélèvement, des laboratoires, des hôpitaux agréés et des médecins agréés. Début novembre, l'Union professionnelle belge des médecins spécialistes en biopathologie médicale (UPBMSBM) estimait déjà que "proposer les tests antigéniques rapides dans les pharmacies était une mauvaise idée", soulignant notamment le manque d'un environnement sécurisé et d'une connexion à l'infrastructure informatique adéquate. Elle concluait en affirmant que "les intentions des pharmaciens d'officine peuvent être assimilées à de la pratique illégale de la médecine, en l'occurrence, de la spécialité de la biologie clinique". L'Absym a également marqué son désaccord face à la réalisation de tests de détection rapide du Covid-19 en pharmacie. Déception, incompréhension Certaines pharmacies belges avaient déjà ouvert leur centre de dépistage, à l'instar de Laurent Staquet, pharmacien à Gouy-lez-Piéton. Depuis 3 semaines, il avait aménagé son garage pour proposer aux patients de venir y passer un test antigénique rapide, le prélèvement nasal étant réalisé par une infirmière et la lecture du résultat et son interprétation par un médecin généraliste de l'entité. "Ce qui est dingue, c'est qu'on ne peut même plus vendre ces tests ni aux médecins, ni aux maison de repos! Je ne m'y attendais pas du tout, je pensais qu'on allait dans le bon sens. C'est un coup d'arrêt net, brutal, violent et incompréhensible pour tous les pharmaciens qui ont voulu se lancer là dedans. L'état veut que les tests antigéniques soient réalisés exclusivement dans les centres de dépistage officiels", regrette-t-il. "Ces changements à 180° font que les gens ne comprennent plus rien. De nouveau, l'image que les autorités envoient à la population est désastreuse: beaucoup vont croire qu'on arrête parce que les tests ne sont pas bons! Comment leur expliquer? C'est aussi un manque de confiance totale vis-à-vis des médecins traitants", s'insurge Laurent Staquet. Un centre venait aussi d'ouvrir ses portes sur le parking d'une pharmacie à Ghlin, à l'initiale du Dr Bouillon et du pharmacien De Broux. L'APB ne comprend pas non plus cette décision et espère toujours une dérogation autorisant d'autres professionnels de santé à effectuer ces tests. Rappelons que les représentants des pharmaciens proposent leur aide dans la lutte contre le coronavirus depuis le mois de mars, sans beaucoup d'échos du côté des autorités. ...pendant ce temps-là en Europe"Le Covid-19 doit être considéré comme une leçon et une opportunité d'amélioration. Nous devons évoluer vers un système de santé centré sur le patient et investir davantage dans les soins de santé primaires. Nous devons utiliser les connaissances et les compétences des pharmaciens d'officine pour contribuer à l'amélioration de la santé publique", a expliqué Ilaria Passarani, secrétaire générale GPUE, lors de la conférence en ligne sur le thème "Des services pharmaceutiques répondant aux besoins de la population, une confirmation de la perspective européenne" du 14 décembre. "La pandémie contribue à limiter nos actions, mais c'est aussi une opportunité pour identifier de nouvelles voies. Nous devons avoir une vision à long terme et trouver des solutions. Une crise comme celle-ci donne souvent l'occasion de créer de nouvelles façons de fournir des services", a fait observer Rui Santos Ivo, de l'agence portugaise des médicaments, qui a souligné un aspect très important né de la pandémie: "le rôle croissant que les pharmaciens ont joué dans la fourniture de médicaments". "Les pharmaciens d'officine ont un rôle clé dans les soins de santé primaires. Cela est apparu très clairement dans leur contribution à la lutte contre le Covid-19 par leur rôle de soutien aux tests, au traçage, à la quarantaine, à la promotion de la santé et au déploiement d'une répartition équitable des vaccins. En accordant une attention particulière à ceux qui en ont le plus besoin", a renchéri le Pr Jan De Maeseneer, UGent. "Nous appelons les décideurs politiques à maximiser le rôle des pharmaciens communautaires pour améliorer la qualité des soins, la sécurité des patients, les résultats des thérapies, l'accès à l'information sur les médicaments et à veiller à ce que la rémunération des pharmaciens reflète correctement leurs efforts", a déclaré Duarte Santos, président du GPUE. Un appel que ne semblent pas entendre les autorités belges.