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Traditionnellement, la rentrée de septembre rime avec bonnes résolutions et nouveautés. En officine, elle semble plutôt devoir conjuguer avec une pénurie de main d'oeuvre et ceci alors que, cette année, la pharmacie ne fait plus partie des métiers déclarés officiellement en pénurie. "Je n'arrête pas d'avoir des demandes de pharmaciens, d'offres d'emploi à publier sur notre site, confirme Jean-Pol Cirriez, pharmacien coordinateur de l'Union pharmaceutique du Hainaut occidental et central. Ce qui est frappant c'est qu'avant, on cherchait soit un pharmacien, soit un assistant en fonction des besoins, et maintenant, on cherche 'un pharmacien ou un assistant' parce qu'on a vraiment besoin d'une personne en plus et que si c'est un pharmacien, tant mieux, si c'est une assistante, c'est déjà ça". Quant à savoir pourquoi, on se perd en conjectures. Jean-Pol Cirriez avance le manque d'étudiants en Master en pharmacie qui se destinent à l'officine: "Il y a quelques années, une enquête avait montré que 2-3 ans après avoir obtenu leur diplôme, 50% des étudiants se retrouvaient en officine et, apparemment, ce chiffre a encore baissé aujourd'hui. Chaque année, l'AUP (Association des Unions des Pharmaciens) fait des séances d'information dans les facultés de pharmacie sur le métier de pharmacien d'officine, seule la moitié des étudiants disent s'y destiner..." Cette pénurie préoccupe aussi l'APB qui se penche sérieusement sur la question. "Ce n'est pas propre à une région, on constate cette pénurie aussi bien en Flandre qu'en Wallonie ou à Bruxelles, confirme Nicolas Echement, secrétaire général de l'APB. On ne comprend pas pourquoi. Est-ce parce que, comme les médecins généralistes, les pharmaciens veulent diminuer leurs horaires? Beaucoup de choses changent dans les mentalités après la pandémie, il y a une prise de conscience de la population générale et peut-être aussi des pharmaciens par rapport à l'investissement dans le travail, la famille, le bien-être..." Les deux nouveaux services dont on parle depuis plusieurs mois, la revue de médication et le sevrage aux benzodiazépines, devraient être mis en place avant la fin de l'année. La revue de médication s'inscrit dans la continuité du pharmacien de référence, explique Nicolas Echement: "Les patients visés doivent en avoir un et prendre 5 médicaments chroniques ou plus. L'idée est de revoir leur traitement, de dresser un rapport et de le proposer au médecin traitant". Tout est prêt, reste encore à trouver un accord sur la rémunération du pharmacien... Le projet de sevrage aux benzodiazépines est également prêt et, ici aussi, c'est un problème d'honoraires qui se pose. "Il y aurait un budget de démarrage et après il faudrait que ce programme s'autofinance grâce aux économies réalisées. Si on veut faire le virage vers les services, les soins, il faut les rémunérer parce que c'est un changement de paradigme et de manière de valoriser la pharmacie. Il faut éviter que les pharmacies tombent en faillite alors qu'elles veulent s'investir dans les services", met en garde Nicolas Echement. À l'heure où la campagne de vaccination pour le 2e booster contre le Covid-19 démarre, on observe des stratégies différentes selon les régions. "En Wallonie et à Bruxelles, on travaille de façon assez similaire en essayant de mettre en avant la première ligne, d'avoir une solution plus pérenne que les centres de vaccination mis sur pied pendant la crise. En Wallonie où 29% des vaccinations sont faites en officine (58% en centres de vaccination, chiffres du 22 juillet), la ministre Christie Morreale a demandé qu'il y ait encore 70 pharmacies en plus, par rapport à la petite centaine qui vaccine déjà. En Flandre, les pharmaciens ne sont pas sollicités par la Région pour vacciner, ceux qui le font c'est de leur propre initiative. C'est l'ambiguïté du projet: le vaccin est financé et fourni par le Fédéral, mais l'organisation pratique sur le terrain est sous l'autorité des Régions", souligne Nicolas Echement. "Nous sommes contents d'avoir la reconnaissance de la ministre Morreale et de l'Aviq. Je pense que tout doucement les pharmaciens comprennent qu'être vendeur de boîte ce n'est peut-être pas l'avenir et qu'il faut miser plus sur la compétence, la qualité, la proximité, la disponibilité... Le but n'est pas que chaque pharmacie offre tous les services, les pharmaciens doivent proposer des choses spécifiques par rapport à leur patientèle. Tout le monde n'est pas prêt à vacciner, à faire de la revue de médication... L'idée est de promouvoir la collaboration entre pharmaciens, ou avec un pharmacien itinérant. Une de nos propositions Vision 2025 concerne le pharmacien volant, celui qui va d'officine en officine proposer ses compétences, par exemple la vaccination."