En tant que pharmacien, vous êtes forcément amené à digérer une bonne dose de réglementation, y compris sur le plan économique. Les prix de certains médicaments et les honoraires de vos services, par exemple, sont régulièrement indexés... et cette information doit aussi être relayée au patient en toute transparence. Koen Straetmans, président de l'Association Pharmaceutique Belge (APB), explique comment gérer au mieux cette obligation.
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"La fixation et l'indexation des prix dépend d'abord et avant tout du type de produit ou de service", souligne Koen Straetmans. "Du côté des produits, il faut distinguer les spécialités pharmaceutiques (remboursables ou non) prescrites par un médecin, celles qui sont en vente libre et enfin le segment hors médicaments, qui recouvre p.ex. les cosmétiques ou les suppléments alimentaires. De même, on trouve dans les soins pharmaceutiques qui donnent lieu à un honoraire des services remboursables et d'autres qui ne le sont pas." Les médicaments remboursables sur prescription se taillent la part du lion dans l'offre des officines. "L'honoraire que touche le pharmacien pour leur délivrance est compris dans leur prix de vente. En principe, il est indexé chaque année", précise le président de l'APB. "En définitive, c'est avant tout le ticket modérateur qui compte pour le patient. Pour les spécialités onéreuses, cette contribution personnelle est plafonnée à un niveau qui peut lui aussi être indexé, mais qui ne l'a plus été ces cinq dernières années. Les tickets modérateurs des médicaments remboursables évoluent en réalité très peu - depuis dix ans, la quote-part à charge des patients a même diminué de façon significative en dépit d'une consommation en hausse." Le prix des spécialités pharmaceutiques non remboursées - qu'elles soient ou non soumises à prescription - n'est par contre pas adapté de façon automatique, poursuit Koen Straetmans. "Pour pouvoir l'augmenter, la firme doit obtenir l'aval du SPF Économie. L'indexation automatique ne s'applique pas non plus aux produits de parapharmacie, mais l'approbation du SPF n'est pas nécessaire pour modifier leur prix: tant qu'il ne s'agit pas de médicaments, celui-ci peut être fixé librement. Un supplément alimentaire, une brosse à dents ou une crème n'est donc pas soumise à l'indexation." Qu'il s'agisse de ses prestations de pharmacien de référence ou d'un entretien d'accompagnement pour le bon usage des antiasthmatiques, le pharmacien propose aussi plusieurs services remboursables, dont les honoraires sont pris en charge à 100% par la mutuelle et l'Inami. "En principe, les tarifs sont indexés tous les ans sur la base des décisions prises au niveau de l'Inami, même s'il arrive que les prestations de soins du pharmacien ne soient pas toutes indexées pour cause d'économies", précise Koen Straetmans. "Une nouvelle indexation est néanmoins intervenue au mois de janvier. En outre, les pharmaciens ne sont pas non plus tenus de respecter un tarif fixe pour l'ensemble de leurs prestations. L'été dernier, ils ont par exemple commencé à proposer des tests rapides pour le dépistage du Covid-19 chez les voyageurs en partance, sans remboursement Inami. Dans ce cas de figure, celui des prestations non remboursables, vous êtes entièrement libre de fixer vos prix... toujours dans les limites du raisonnable." Qu'un médicament, produit ou service soit ou non remboursé, le pharmacien est évidemment toujours tenu d'en communiquer le prix à ses patients. "Le citoyen doit en connaître le coût à l'avance - pas question, donc, d'adapter le prix d'un test rapide à la tête du client. Vous êtes en effet tenu au respect de la loi sur les droits du patient, qui stipule que les prix doivent être communiqués d'une manière univoque, lisible et clairement visible. Il n'est pas pour autant nécessaire d'appliquer une étiquette sur chaque conditionnement, mais vous devez veiller à ce que le patient ou consommateur ait toujours la possibilité de vérifier le prix d'un produit ou service." En général, les prix des produits exposés à l'officine seront simplement affichés. "Il existe pour cela différentes méthodes. Les pharmaciens passaient autrefois un temps considérable à les adapter manuellement, mais ils sont de plus en plus nombreux à utiliser un système informatique couplé au logiciel de la pharmacie. Dès qu'un prix est modifié dans ce dernier, l'affichage est automatiquement adapté." En théorie, le prix doit être indiqué sur chaque produit ou médicament individuel. "Le prix des produits qui se trouvent derrière le comptoir, en particulier, est toutefois adapté tellement souvent à l'initiative des autorités et de l'Inami que, comme l'a également confirmé le ministère de l'Économie, il est pratiquement impossible de le spécifier clairement sur chaque spécialité remboursable. Veillez toutefois à toujours être en mesure d'informer le patient par oral s'il le demande et à indiquer clairement les prix sur le ticket de caisse. Il existe aussi différents canaux - dont notamment les sites de l'Inami et du CBIP - où le public peut retrouver lui-même le montant du ticket modérateur pour chaque médicament. Pour les honoraires, l'idéal est d'utiliser une liste des prix transparente affichée à un endroit bien visible de l'officine", conseille encore Koen Straetmans. Le SPF Économie effectue régulièrement des inspections portant notamment sur l'affichage des prix, comme il le fait aussi par exemple chez le boucher ou le boulanger. "En cas d'infraction, vous recevrez généralement un avertissement et une mise en demeure, suivis d'un second contrôle à une date ultérieure. En cas d'infraction manifeste, vous pourriez aussi être immédiatement sanctionné, mais c'est rarement le cas. Les pharmaciens sont soumis à de très nombreuses règles qu'ils connaissent et appliquent généralement de façon très correcte", conclut le président de l'APB.