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À quoi ressemblera la pharmacie en 2025 ? Pour y répondre, l'Association pharmaceutique belge (APB) s'est engagée dans le projet pharmacie 3.0 et, au fil des mois, différentes initiatives sont définies et testées in situ. L'objectif de ce travail de réflexion est " de permettre aux pharmaciens indépendants de mieux collaborer entre eux, de mieux se structurer et d'offrir des services de qualité ", précise Alain Chaspierre, président de l'APB. La " qualité " est ce qui soustend un peu l'ensemble du projet 3.0 qui se développe selon 5 axes : image building, nouveaux services, groupements d'achat, livraisons à domicilie et modèle de collaboration.Cette année, certaines actions sortent de terre à l'instar des campagnes de vitrophanie lancées cet été. Le groupe de travail " image building " a en effet proposé aux pharmaciens sa première initiative concrète : pour juillet et août, habiller sa vitrine avec des autocollants sur le thème " soleil et vacances " dans le cadre de l'action " l'été avec votre pharmacien de référence ! ". Une campagne accompagnée de matériel promotionnel tel que des dépliants patients ou des infos pratiques comme la liste des médicaments incompatibles avec une exposition au soleil. Ce premier thème a aussi donné lieu au premier achat groupé (10.000 trousses à pharmacie de voyage).Pour Alain Chaspierre, cette première campagne est un beau succès avec environ 500 pharmacies participantes. Dès septembre, la deuxième action s'installera dans les vitrines sur le thème de la vaccination et en novembre, la troisième sera consacrée à la grossesse.Avec ce dernier thème, l'un des objectifs poursuivis est aussi d'attirer les jeunes vers les pharmacies : " C'est un endroit facilement accessible or, dans le contexte de la grossesse, on constate que les gens n'osent parfois pas demander des conseils de manière proactive. L'un des messages que nous voulons faire passer est que les femmes ne doivent pas avoir peur de dire à leur pharmacien qu'elles désirent être enceintes ou qu'elles le sont, pour éviter l'utilisation de médicaments inadaptés ou proposer des produits comme l'acide folique ".Cette troisième campagne s'inscrit également dans le contexte de la préparation d'un nouveau service, un entretien centré sur la grossesse. " L'objectif est de faire un entretien pour toute femme qui souhaite être enceinte, qui est enceinte ou qui vient de l'être, et qui désire avoir des conseils plutôt centrés sur le bon usage des médicaments, l'intérêt de certains et le risque représenté par d'autres. L'appel à candidatures pour les pharmacies pilotes est fait ", ajoute-t-il." Ce service est mis en oeuvre suite aux résultats d'une étude des Mutualités libres1 qui ont montré qu'en Belgique, les femmes enceintes sont encore exposées à des médicaments potentiellement délétères. Ce service assez spécifique est intéressant parce qu'il permettra à toute femme enceinte d'avoir une vue globale sur ce qu'il est bon de faire, en tout cas au niveau médicamenteux, mais aussi sur le style de vie, pendant toute la durée de la grossesse. Nous aimerions aussi pour avoir le support des unions professionnelles ".En attendant, un premier projet pilote a été lancé : il s'agit du " contrôle de la pharmacie familiale ". " Les patients peuvent demander à leur pharmacien de vérifier leur pharmacie de maison et faire le tri entre les médicaments (dates de péremption, médicaments sur prescription qu'il n'est plus utile de garder à domicile comme les antibiotiques par exemple...). C'est aussi l'occasion de donner des conseils sur la composition optimale d'une pharmacie familiale ".Ce projet est engagé dans environ 100 pharmacies, apprend le président : " Aujourd'hui, nous sommes en train d'évaluer l'impact de ce service. Nous voulons tester des modèles et voir ce qui est le plus pertinent, parce qu'à terme, nous souhaitons offrir cette large gamme de nouveaux services dans les pharmacies ".Enfin, un autre service est en cours de développement, il tournera autour du dépistage des pathologies chroniques. " Des projets pilotes comme Chronilux, mené cette année dans la commune de Neufchâteau2, ou Takingcare en province du Limbourg en 2015, montrent qu'il est intéressant que les pharmaciens participent à ce type de démarche, que le potentiel est énorme à la fois en termes d'économie de la santé et d'efficience. C'est la raison pour laquelle nous souhaitons faire un projet pilote tournant autour de ce principe dans un plus grand nombre de pharmacies ".Les réflexions portent encore sur d'autres sujets. Ainsi, au chapitre " prévention ", plusieurs pistes sont suivies comme par exemple le projet bruxellois de dispensation par les pharmaciens des tests de dépistage du cancer du côlon. " II faut voir ce qui est le plus pertinent aujourd'hui pour répondre aux besoins de la population et aux besoins sociétaux ".Quant aux expériences de vaccination contre la grippe en officine, Alain Chaspierre précise que l'Académie royale de médecine est en train de se pencher sur le sujet : " Il y a des choses qui se passent dans d'autres pays qui méritent que l'on s'y attarde, on voit par exemple qu'il y a beaucoup de positif dans l'approche française. Dans tous les cas, on doit réfléchir à des solutions pour augmenter le niveau de vaccination contre la grippe en Belgique, en particulier pour des groupes particuliers comme les patients atteints de maladies chroniques. Aujourd'hui, on développe des campagnes où les pharmaciens sont parties prenantes, mais cela reste de la sensibilisation, on peut réfléchir à aller plus loin... "Au rayon polymédication et revue de médication en pharmacie, les choses pourraient bientôt changer : " On est en train de réfléchir dans le cadre Inami à la mise en oeuvre de ce service parce que l'étude Simenon a montré des résultats majeurs quand des pharmaciens font la revue de la médication3. Je pense qu'on est mûr pour envisager de développer ce service en pharmacie dans les années futures ".