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Comme les feuilles tombent en automne, la baisse des températures s'accompagne de la multiplication des infections virales et respiratoires... et de la floraison des conseils de grand-mère pour éviter de prendre un " coup de froid ". L'idée étant que ce froid nous rend plus sensible aux bactéries et virus. Jusqu'il y a peu, cette constatation n'était pas étayée scientifiquement, les mécanismes biologiques à l'oeuvre étaient peu étudiés. Mais, fin 2022, des chercheurs américains ont démontré que le froid avait bien un effet sur le système immunitaire en mettant au jour un nouveau mécanisme immunitaire de lutte contre les virus à l'intérieur même du nez, médié par des vésicules extracellulaires[1]. Lors d'une infection, les virus déclenchent une réponse immunitaire générale mais, au niveau des cellules nasales, ils stimulent la production de vésicules extracellulaires, comme autant de petites bombes antivirales. En fait, une fois libérées des cellules nasales, ces vésicules délivrent des miARN (micro-ARN) antiviraux aux cellules hôtes non infectées, les protégeant ainsi des virus. Un second mécanisme antiviral a également été découvert: ces petites vésicules agissent comme des leurres en portant des récepteurs de surface auxquels les particules virales se lient, réduisant dès lors leur capacité à se multiplier. Dans cette étude, ces essaims de vésicules ont montré une puissante activité antivirale contre deux rhinovirus et un coronavirus typiques de la saison du rhume. Après exposition au froid, cette réponse immunitaire anti-virale s'est révélée considérablement réduite: la quantité de vésicules extracellulaires sécrétées par les cellules nasales a diminué de près de 42%, entraînant une diminution de la neutralisation par les miARN antiviraux et une perte de 77% des récepteurs leurres. Cette altération de la réponse immunitaire a induit une réplication virale deux fois plus importante dans les cellules nasales infectées. Cette étude a non seulement mis en évidence un nouveau mécanisme immunitaire intranasal qui permet de combattre les virus responsables des infections des voies respiratoires supérieures, mais elle explique aussi pourquoi les gens sont plus sensibles aux rhumes pendant la saison hivernale. De quoi donner raison à nos grand-mères mais pas encore au point d'imaginer un traitement efficace contre les virus respiratoires.