Le 31e congrès de l'Association francophone des pharmaciens hospitaliers de Belgique s'est tenu le 15 février dernier à Mons. Il s'est penché sur le thème très actuel de l'accréditation.
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Quels hôpitaux se sont déjà lancés dans l'accréditation ? Quelles ressources ont été mises à la disposition des pharmacies hospitalières ? Bref, comment l'accréditation se met-elle en place dans les hôpitaux ? Pour répondre à ces questions et obtenir un instantané de la situation actuelle, l'Association francophone des pharmaciens hospitaliers de Belgique (AFPHB) a réalisé sa petite enquête.Du 26 novembre au 10 décembre 2019, les pharmaciens hospitaliers francophones ont été invités à répondre à 46 questions balayant 5 thèmes (description de la pharmacie, démarche accréditation de l'hôpital, ressources humaines liées à l'accréditation, ressources IT et impact de l'accréditation dans la pratique quotidienne)." Au total, a précisé Nabil Hayef (Comité directeur, AFPHB) venu présenter les résultats de cette enquête, 37 hôpitaux ont répondu dont 24 étaient engagés dans un processus d'accréditation ".Vers quel organisme accréditeur se sont-ils tournés ? La majorité (19 hôpitaux) s'est dirigée vers le canadien ACI (Accréditation Canada International), 4 vers l'américain JCI (Join Commission International) et un vers la française HAS (Haute Autorité de Santé)." Fin 2019, poursuit-il, pour les hôpitaux qui ont répondu, un quart était au début du processus d'accréditation et les trois autres quarts étaient soit autour de la première visite d'accréditation, soit ils avaient été accrédités une fois (80% avec conditions) et étaient en route vers le deuxième tour d'accréditation, soit ils étaient déjà à la deuxième visite d'accréditation comme le CHR Mouscron.De quelles ressources disposent les hôpitaux pour cette démarche ? La question " Est-ce que votre hôpital a pu bénéficier de pharmaciens supplémentaires pour la mise en place de l'accréditation ? " a beaucoup fait rire l'auditoire. De fait, seul 1 hôpital sur les 24 a signalé avoir engagé 1 ETP pharmacien hospitalier. Un autre hôpital a pu obtenir 1 assistant en pharmacie (1 ETP). Dix hôpitaux ont répondu bénéficier d'un support autre qu'un pharmacien ou un assistant : chef de projet (0,1-0,2 ETP), secrétariat (0,2 ETP), qualiticien (0,05 ETP (soit 2h/semaine) à 1 ETP)." Point de vue ressources humaines, c'est vraiment anecdotique, peu a été octroyé en supplément, ce qui a comme conséquence qu'il faut s'organiser en interne pour fournir des coordinateurs 'accréditation'. Pour donner une image réelle de la situation, on peut regarder la médiane ETP de pharmacien coordinateur selon la taille de l'hôpital : on relève 0,35 ETP dans les grands hôpitaux (>650 lits), 0,5 dans les moyens (<650), 1 dans les petits (<400) et 0,5 dans les <250 lits. Au plus la médiane est élevée, au plus l'hôpital a dû s'investir sans ressources supplémentaires donc, ceux qui sont défavorisés, ce sont les hôpitaux entre 250 et 400 lits ", fait observer Nabil Hayef.Et l'informatique, a-t-elle bénéficié de plus de moyens ? La grande majorité des hôpitaux (96%) dispose de la prescription informatisée (seul 1/24 n'en a pas). Le résultat est moins bon (9/24) concernant la mise à disposition d'un logiciel d'aide à la validation des prescriptions pharmaceutiques (interactions médicamenteuses, par exemple) : " Il est important dans le cadre de l'accréditation d'avoir ce type d'aide parce que sans ce logiciel, il faut faire ces recherches soi-même, ce qui prend plus de temps et d'énergie ", note-t-il.Le résultat n'est pas un très bon non plus pour la gestion informatisée des alertes relatives aux doses maximum : seuls 10/24 en bénéficient. Et seuls 7/24 ont une gestion informatisée des alertes en terme d'allergie. Plus nombreux sont ceux qui disposent d'un logiciel de gestion documentaire, 16/24 (environ 70%), et, mieux encore, 20/24 (83%) en ont un pour gérer les événements indésirables.Quel est le nombre d'informaticiens ressources pour la pharmacie dans le cadre de l'accréditation ? " Le support informaticien est également anecdotique. Deux hôpitaux ont pu bénéficier d'un support IT : 1 ETP et 0,5 ETP. L'hôpital qui a 1 ETP est celui qui n'a pas de prescription informatisée... ", commente Nabil Hayef.Quel impact a l'accréditation sur le travail au quotidien ? " Ces questions n'ont pas une valeur scientifique, mais elles donnent une idée du sentiment suite à l'accréditation. Il y a une tendance générale vers l'amélioration, le ressenti va vers le 'très satisfait' pour tous les critères évalués ".Ainsi, l'implication du pharmacien hospitalier dans la sécurité du patient : avant la démarche accréditation, 45% se disaient assez satisfaits et, après ou durant l'accréditation, cette satisfaction s'améliore encore. Pareil pour l'évolution de la collaboration et de la communication du pharmacien hospitalier avec les autres professionnels de la santé (plutôt très satisfaits).Parmi les retombées positives de l'accréditation, la visibilité et la valorisation du travail effectué par le pharmacien hospitalier s'améliore, de même que l'accès du pharmacien hospitalier au dossier patient."Certains éléments pourraient être un plus au niveau des ressources, comme par exemple la présence de stagiaires : certains hôpitaux n'en ont aucun mais, dans d'autres centres, il peut y en avoir jusqu'à huit. Le fait d'avoir une pharmacie centralisée plutôt que d'avoir son équipe éclatée sur différents sites est aussi un plus (18/24 centralisées), de même que la robotisation, le fait d'avoir une ensacheuse (seuls 5/24 en ont une) et d'avoir des armoires intelligentes ", conclut Nabil Hayef.