Les pharmaciens d'officine peuvent participer à la promotion d'un avenir vert et durable pour la pharmacie: c'est ce que démontre le GPUE qui en appelle à des actions plus concrètes en Europe.
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Collecte des médicaments périmés ou non utilisés, réduction des résidus médicamenteux dans les eaux usées, classification environnementale des médicaments... Les leviers sur lesquels la pharmacie peut jouer pour rendre l'environnement plus durable sont multiples. C'est pour les mettre en lumière et pour guider et soutenir les pharmaciens d'officine afin qu'ils contribuent autant que possible à une planète plus saine que le Groupement pharmaceutique de l'Union européenne (GPUE) a lancé en mars dernier son document de bonnes pratiques sur la pharmacie verte et durable. (1) Rappelons que le GPUE (PGEU en anglais) représente les pharmaciens communautaires dans 32 pays européens, soit plus de 400.000 professionnels qui fournissent des services à travers un réseau de plus de 160.000 pharmacies. A l'instar de Claire Defrance (voir page 14), de nombreux pharmaciens partagent les préoccupations croissantes concernant les effets négatifs des produits pharmaceutiques sur l'environnement et, par conséquent, sur la santé publique et animale. "En tant qu'experts en médicaments, ils sont bien placés pour sensibiliser le public, promouvoir l'utilisation prudente et l'élimination correcte des produits pharmaceutiques, et fournir des conseils sur la disponibilité de produits 'plus écologiques' lorsque ces informations sont disponibles", estime le Groupement. Il reconnaît néanmoins qu'il faut arriver à "trouver un juste équilibre entre, d'une part, une sensibilisation accrue et des approches politiques appropriées pour prévenir les effets négatifs potentiels des produits pharmaceutiques sur l'environnement et, d'autre part, l'accès à des médicaments sûrs et efficaces dont les avantages pour la santé publique ont été démontrés". C'est pourquoi le GPUE appelle à mener des actions coordonnées à différents niveaux politiques. Il invite ainsi les États membres, en collaboration avec la Commission européenne et l'EMA, à sensibiliser le public à l'utilisation prudente et à la collecte des déchets pharmaceutiques ; à élaborer des lignes directrices et des campagnes d'information pour les professionnels de la santé sur l'utilisation prudente des produits pharmaceutiques ; à inclure l'aspect environnemental de ces produits dans la formation des étudiants en pharmacie et dans la formation continue des professionnels dans le cadre d'une approche "One Health" ; à développer et assurer le respect des normes de qualité environnementale pour les produits pharmaceutiques afin de promouvoir une fabrication plus écologique ; à garantir un financement approprié des systèmes d'élimination et de collecte des médicaments et des aiguilles usagées en pharmacie ; à réduire les déchets pharmaceutiques en encourageant la prescription et la délivrance de quantités de médicaments à risque dans des emballages correspondant autant que possible à la durée du traitement ; et à soutenir le développement de pratiques respectueuses de l'environnement et de politiques de durabilité dans les pharmacies. Au niveau plus macro, le GPUE engage la Commission européenne à veiller à ce que les actions visant à réduire le risque de présence de produits pharmaceutiques dans l'environnement ne compromettent pas la marge de manoeuvre des professionnels de la santé pour prendre des décisions cliniques indépendantes ; à financer et encourager la recherche pour combler les lacunes actuelles sur l'impact négatif potentiel des médicaments sur l'environnement ainsi que sur les liens entre la présence d'antimicrobiens dans l'environnement et le développement et la propagation de l'antibiorésistance ; à favoriser les échanges de bonnes pratiques entre États membres sur les mesures visant à lutter contre la présence croissante et l'impact négatif des produits pharmaceutiques dans l'environnement ; et enfin, à encourager les actions dans les pays tiers investis dans la fabrication pharmaceutique soupçonnée de contribuer à la propagation mondiale de la résistance aux antimicrobiens. En 2019, l'UE a publié son "Approche stratégique sur les médicaments dans l'environnement" et, en septembre 2020, le Parlement européen a adopté une résolution incitant à une utilisation plus prudente des médicaments, au développement d'une fabrication plus écologique et à une meilleure gestion des déchets dans l'UE. Il regrettait par la même le retard important pris dans la présentation d'une approche stratégique et d'actions concrètes en Europe. En novembre dernier, il y a eu une première mise à jour sur les progrès et la mise en oeuvre de l'approche stratégique de l'UE, soulignant les progrès déjà réalisés dans certains domaines. Par exemple, la campagne #medsdisposal (2) qui donne des informations sur la collecte des médicaments périmés ou non utilisés dans les pays européens. C'est sans doute le service 'durable' le plus fréquemment mis en place en Europe (exception faite des seringues, aiguilles, stylos qui sont moins souvent repris en pharmacie). Un autre domaine où ça marche, c'est celui de la réduction de l'empreinte environnementale via les politiques d'emballage, les sources d'énergie renouvelables ou la mobilité: ainsi, près de 2/3 des Européens ont une pharmacie à 5 minutes de leur domicile (98% à 30') et le large stock dont disposent les officines permet également de réduire les trajets inutiles. Tout ceci met, une fois de plus, en avant le rôle de conseil du pharmacien, tant sur la manipulation et la compliance que sur l'élimination appropriées des médicaments... Ce qui suppose, comme le soulignent la FIP et l'OMS, d'avoir accès à des informations EBM sur les thérapeutiques, les médicaments et les autres produits de santé. Comme pour la question environnementale en général, la tâche semble colossale...