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Le premier conseil est de faire attention à la source d'information. Avec les réseaux sociaux, on entend ce qu'on a envie d'entendre, les gens qui ont le même avis que nous. Or, les professionnels de la santé sont les mieux formés pour répondre à ces questions-là ", constate Pierre Smeesters. Pour le pédiatre, spécialisé en infectiologie, l'un des messages à diffuser est qu'on dispose d'un outil très efficace pour faire de la prévention et éviter de voir des enfants arriver à l'hôpital avec des maladies sérieuses. " Parfois, on est un peu victime du succès de la vaccination parce qu'il y a moins de conscience dans la population de la gravité de certaines maladies qui ont nettement diminué. On oublie parfois que c'est grâce à la vaccination que l'on a pu faire diminuer leur incidence. Mais les germes sont toujours là et il est important de protéger nos enfants contre ces pathogènes très ciblés ". Ainsi, il n'est pas juste de se dire que la vaccination ne sert à rien parce que les maladies ont disparu: " J'ai parfois envie d'inviter les gens à venir voir les soins intensifs dans un hôpital pédiatrique pour voir les maladies infectieuses qu'on rencontre encore. Il est toujours touchant de voir un enfant dans un état grave alors qu'on avait un moyen très efficace pour prévenir cet état. On a fait des progrès formidables, c'est vrai, mais ils ne sont pas acquis pour toujours et, si on lève le pied sur la vaccination, on aura de nouveau plus d'infections. La rougeole nous le rappelle, la coqueluche de temps en temps aussi. La variole est le seul pathogène pour lequel on a pu arrêter la vaccination ". A l'heure actuelle, certains parents veulent avoir une vision plus 'écologique' du développement de leur enfant. " Il faut leur rappeler que les bébés mettent tout en bouche et que ce comportement a probablement été sélectionné par des millions d'années d'évolution, dans le but d'acquérir une immunité face à l'environnement. Or, ce contre quoi on vaccine, c'est une toute petite goutte d'eau dans l'océan des stimulations immunitaires. C'est extrêmement ciblé et ce n'est pas la vaccination qui empêche un développement et un apprivoisement de son environnement, qui est à 99,99% écologique ", rappelle le Pr Smeesters. " Cet aspect très ciblé de la vaccination me semble important. Il est parfois surprenant de voir comme les gens ne craignent absolument pas des traitements antibiotiques, par exemple, mais qu'ils craignent les vaccins. Or, d'un point de vue infectiologique, les antibiotiques ont un impact infiniment plus large sur l'écologie des flores, sur les systèmes digestif, respiratoire, voire nerveux. Quand on en a besoin, il faut en prendre mais j'ai plus peur d'une dose d'antibiotique à large spectre prise à 3 mois de vie que d'un vaccin donné à 3 mois de vie. L'un a un impact beaucoup plus large que l'autre. Or, cette image est totalement inversée ", regrette-t-il.