Les autotests n'ont pas bonne presse, mais beaucoup de succès dans les pharmacies françaises et sur internet. Un consortium wallon lance un test qui ambitionne de détrôner tous les autres en détectant les anticorps protecteurs. Une manière de contourner la faiblesse du testing gouvernemental?
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Mi-septembre, trois biotechs wallonnes ont lancé un autotest qui se distingue singulièrement de tous les tests actuellement présents sur le marché. Contrairement aux produits commercialisés jusqu'à ce jour, ce test ambitionne d'être la seule solution rapide permettant de détecter une réponse immunitaire contre deux " marqueurs " spécifiques du Covid-19. En effet, les tests actuellement sur le marché détectent les anticorps IgM et IgG, mais ceci n'apporterait pas d'information pertinente sur la protection développée contre une nouvelle infection. Ce test-ci vise les réponses anti-NP et anti-RBD, deux catégories d'anticorps neutralisants, aptes à protéger d'une nouvelle infection et à rendre la personne peu ou pas contagieuse. Or, c'est cette réponse-là que le grand public recherche, afin de savoir si l'on peut retourner au travail sans contaminer autrui ou aller visiter des proches sans risquer de leur transmettre un grand nombre de copies du virus. Ce qui ne signifie pas, par contre, que l'on puisse s'abstraire des gestes de barrière sociale, ne fût-ce que parce que les tiers ne peuvent pas avoir la certitude que vous êtes positif au test des anticorps neutralisants. L'approche innovante proposée par les trois firmes, Coris BioConcept, Unisensor et Bio-X Diagnostics, réside également dans la mise en place d'une unité de production locale wallonne capable de répondre très rapidement à une demande à grande échelle. Une pierre dans le jardin d'autres firmes, y compris dans le bassin liégeois, qui produisent leur test sur base de composants fabriqués en Chine et qui risqueraient donc de tomber rapidement en rupture de stock si les autorités décidaient par exemple de tester tous les professeurs des classes, le personnel de santé et des maisons de repos et de soins, voire d'autres catégories de personnel-clé. Car ce test a l'avantage d'être aussi simple qu'un test de grossesse. Il suffit de prélever une goutte de sang au bout du doigt, à l'instar de ce que font tous les jours les diabétiques qui doivent surveiller intensément leur taux de sucre. Au bout d'un quart d'heure, la réponse apparaît sur le display du test. Quelle est son efficacité, sa sensibilité, sa spécificité? " L'étude de validation est en cours et les résultats complets ne sont pas encore connus.L'interprétation est complexe car il faut tenir compte de l'intervalle de temps " très imprécis et variable " qui s'est écoulé entre la positivité virale du patient (RT-PCR) et la positivité sérologique (test anticorps). Une bonne moyenne indicatrice est de 98,4% de sensibilité ", explique Benoît Granier, patron d'Unisensor. Quant à son prix, les firmes l'estiment autour de 15-20 euros en pharmacie. " Pour les pouvoirs publics cela dépendra du volume demandé et de l'aboutissement des négociations, entre 6 et 10 euros. " Enfin, quelle est la capacité de production de l'unité de production wallonne? " Elles sont de 100.000 tests par jour et nous avons sécurisé l'ensemble des approvisionnements ", promet Granier. Pour les créateurs de ce test, son avantage premier est de permettre de détecter non seulement un plus grand nombre de personnes ayant été potentiellement contaminées, mais aussi d'identifier celles qui ont développé des réponses immunitaires. Histoire belge de plus: cette " première mondiale " assumée a reçu le soutien financier et moral de la Wallonie. Le lancement s'est fait en présence de Willy Borsus, Vice-Président de la Wallonie! Alors que les autotests sont interdits à la vente par arrêté royal fédéral depuis mars! Le test wallon serait-il tué dans l'oeuf? Quelques jours après le lancement, l'arrêté royal a été abrogé. On ne sait pas si monsieur Borsus a dû téléphoner à De Block, mais il faut dire que son arrêté n'empêchait plus grand-chose, ces tests étant aisément disponibles par internet, dans une pharmacie française à moins d'une heure de route. Voire même, sous le manteau, dans beaucoup de pharmacies belges. On se souviendra pourtant que fin août, le Conseil provincial du Hainaut de l'Ordre des médecins s'était dit "interpellé par de nombreux praticiens qui s'inquiètent des dangers de l'organisation de tests sérologiques rapides Covid-19". Il s'agissait alors des tests Medakit. Le Conseil provincial du Hainaut de l'Ordre des médecins mettait en garde la population: " Ce genre de démarche risque de donner de fausses assurances à ceux qui y répondent". Mi-août, la police, avait saisi le matériel de test utilisé par un médecin montois oeuvrant dans le cadre de l'ASBL United People, aux valeurs politiques troubles, pour dépister le SARS-CoV-2 chez les gens qui le souhaitaient. Selon le parquet de Mons, "les tests n'apportaient aucune garantie de sécurité. Le praticien montois avait, pour sa part, indiqué, que "le test 'MedaKit' avait obtenu tous les agréments en France" et qu'un "dossier a été introduit auprès des instances sanitaires belges" dont la réaction était attendue "depuis quatre mois". Selon le Conseil provincial de l'Ordre des médecins, le test sérologique concerné "ne détecte pas le virus mais la production d'anticorps, signe que la personne testée a été précédemment infestée par le Covid-19". Un résultat négatif au test ne permet pas d'exclure que le "sujet testé soit porteur asymptomatique susceptible de diffuser le virus". Le conseil de l'Ordre des médecins avait, par ailleurs, insisté sur l'interdiction des tests concernés. "La mise à disposition sur le marché, la mise en service et l'utilisation, des autotests rapides de mesure ou détection d'anticorps liés au SARS-CoV-2, agent de la Covid-19, sont actuellement interdites par arrêté royal." C'est aujourd'hui du passé... Mais si le test mis au point par Coris BioConcept, Unisensor et Bio-X Diagnostics est finalement commercialisé, il sera nécessaire d'être accompagné par de robustes explications de texte, au risque d'apporter de fausses certitudes.