S'il y a un endroit où les choses n'ont pas été sous contrôle durant la crise du coronavirus, c'est bien dans les maisons de repos. Un débat sérieux s'impose, estiment Pedro Facon et Erika Vlieghe.
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Pour Pedro Facon, une des raisons du cafouillage dans les soins aux personnes âgées est le manque de coordination émanant d'un point unique, surtout au début de la crise. " Et il ne s'agit pas de la répartition des compétences parce que les hôpitaux et la première ligne ne sont pas une compétence purement fédérale ou fédérée ". En outre, il constate que les hôpitaux -notamment grâce à l'accréditation- fonctionnent de manière plus professionnelle que certaines maisons de repos. Et comme il manque aussi une planification d'urgence, elles sont moins préparées aux catastrophes. Erika Vlieghe souligne la grande hétérogénéité du secteur des maisons de repos. " Certains centres fonctionnent selon des normes hospitalières, de manière très professionnelle. Il y en a hélas aussi d'autres. Contrairement aux hôpitaux, les maisons de repos constituent une situation de substitution du domicile puisque les gens y habitent. Ceci complique depuis longtemps l'introduction de mesures de prévention des infections. Le secteur balance entre les soins et le bien-être. Il poursuit d'autres intérêts, d'autres préoccupations, avec un staff différent de celui des hôpitaux. Une solide auto-analyse s'impose pour envisager l'avenir. Nous devons toutefois éviter que les soins aux personnes âgées ne deviennent encore plus 'stérilisés' sur le plan clinique. D'ailleurs, la question se pose : une maison de repos est-elle la meilleure forme d'habitat ? Ne devrions-nous pas nous diriger vers de plus petites unités ? " Pedro Facon acquiesce et constate que les pays qui ont davantage investi dans les soins aux personnes âgées dans l'environnement familial en ont récolté les fruits. " Cependant, même si nous gardons plus de personnes plus longtemps chez elles, il y aura toujours des maisons de repos. La question est de savoir comment on pourrait mettre la planification d'urgence, la prévention et le contrôle des infections à disposition des maisons de repos et de la première ligne. Une collaboration avec la deuxième ligne permet de mettre l'expertise à disposition à partir des hôpitaux ". Le DG du SPF voit dans les réseaux hospitaliers une formidable opportunité : " Ils permettront d'avoir des fonctions de liaison. A partir de procédures, nous pouvons définir quand une maison de repos, une zone de première ligne, une institution pour personnes handicapées... peut y faire appel. C'est fondamental parce que chaque maison de repos ou chaque zone de première ligne ne pourra pas désigner un infectiologue ou une équipe de prévention et de contrôle des infections. "