Au Centre du cancer, qui fait partie de Sciensano, tout le monde était aussi sur le pont durant la crise du Coronavirus. Voici une première évaluation avec Marc Van den Bulcke, chef de service du Centre du cancer.
...
Environ la moitié des membres du personnel du Centre du cancer sont actuellement enrôlés dans la crise du Covid. " Cette épidémie est vraiment tombée du ciel. Un groupe d'environ 50 personnes planchaient déjà au sein de Sciensano sur l'épidémiologie des maladies infectieuses. Du jour au lendemain, ils ont totalement embrayé sur le Covid. Le Centre du cancer offre maintenant par exemple son expertise pour du travail statistique, du soutien au secteur des soins ainsi que des études cliniques sur l'immunité. "Le Dr Van den Bulcke apporte quant à lui son soutien dans la mise au point des tests sérologiques. " Nous partons du principe que le Covid va devenir endémique. Un bon test de détection est donc aussi important pour l'avenir. "La première préoccupation est donc la gestion de la crise. Cela dit, Marc Van den Bulcke prévoit une évaluation avec une série d'acteurs clé afin d'analyser quel a été l'impact du report des soins et du dépistage sur les patients oncologiques. Le dépistage du cancer a été arrêté le 16 mars et a depuis lors été repris en grande partie. L'impact de cette interruption ne sera probablement pas élevé, pense le Dr Van den Brulcke. " Aux Pays-Bas, l'an dernier, il y a eu un problème avec le dépistage du cancer du sein. Dans certaines parties du pays, les femmes ont reçu leur invitation pour la mammographie de dépistage jusqu'à six mois plus tard que prévu. Il ressort d'un rapport du Rijksinstituut voor Voksgezondheid en Milieu qu'il y a peu de risques qu'une tumeur ait été ratée si la fréquence du dépistage reste plus ou moins maintenue et si les femmes font donc autant de mammographies dans leur période de suivi. "" Nous avons toutefois peur que les gens reportent eux-mêmes leur dépistage. Prenons le test de selles. On peut le faire à la maison. Il est possible que des patients, après un test de selles positif, ne se présentent pas à l'hôpital pour la colonoscopie, par crainte d'être contaminés par le Covid-19. Ce point doit être suivi et devra éventuellement faire l'objet d'une campagne afin de motiver les gens, pour expliquer les procédures et les convaincre que tout est sûr. " Ensuite, il faudra aussi analyser si dans les prochains mois, davantage de patients mourront des conséquences du cancer. " Les soins critiques ont de toute façon été maintenus. Ce qui pouvait être reporté, l'a été. J'espère que l'impact de ce report restera limité. En avril, il était question d'une surmortalité considérable. Nous devons encore vérifier s'il y a eu plus ou moins de patients oncologiques qu'habituellement. "Pour Marc Van den Bulcke, l'approche de l'Europe, avec au summum la surenchère autour des masques, a souvent été pénible durant cette crise . " Avec le Centre du cancer, nous collaborons à la rédaction du Europe Beating Cancer Plan. En vue d'une prochaine pandémie ou d'une éventuelle deuxième vague, il est important qu'il comporte des directives sur l'arrêt et la reprise du dépistage du cancer, l'organisation des soins, les soins à domicile, ... Tous les pays n'ont pas la main d'oeuvre pour le faire eux-mêmes en période de crise. Le Covid-19 est un incitant dans les soins de santé pour réaliser des choses ensemble. "