Comment voyez-vous votre pharmacie en 2025? Koen Straetmans (APB) a donné quelques éléments de réponse lors d'un webinaire organisé pour lancer le prochain salon Pharmanology.
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D u 6 au 8 mai prochains, Brussels Expo accueillera le salon Pharmanology. Pour lancer cette édition 2022, un pré week-end de conférences en ligne a eu lieu les 29 et 30 janvier derniers. Le samedi était axé sur l'avenir de la pharmacie et notamment sur le travail de réflexion mené par l'APB. A quoi pourrait bien ressembler l'officine du futur? A une sorte de supermarché sans caisse et pratiquement sans personnel, tels les Amazon Fresh qui reposent sur la technologie Just Walk Out et facture automatiquement les achats des clients lorsqu'ils quittent le magasin? " Pour vendre quel type de produits? , s'interroge Koen Straetmans, président de l'APB. Une brosse à dent, peut-être mais pour un médicament? Pour l'APB, le plus important est que les soins pharmaceutiques soient donnés par le pharmacien avant la délivrance, que ce soit en officine ou en ligne ". L'APB s'est lancée en 2019 dans une vaste entreprise de réflexion, Vision 2025, pour anticiper et construire le futur de la pharmacie. En mars dernier, elle a publié un Livre blanc détaillant 5 dimensions (répondre aux attentes des concitoyens, nouveaux services de soins en pharmacie, modèle économique de la pharmacie, collaboration dans la chaîne de soins, transformation digitale de la profession) et 6 profils du pharmacien de demain (héros local, coach santé, préparateur, innovateur, entrepreneur et héros volant). En décembre, ce travail s'est poursuivi via une mini enquête sondant l'avis des pharmaciens. Résultats? Beaucoup se reconnaissent en coach santé (57%) et héros local (53%), mais moins en tant qu'innovateur (13%). Ils aimeraient avoir plus de coaching, des ateliers et aides concrètes basées sur l'expérience des collègues, des formations liées aux profils, et tout ceci malgré le sentiment actuel de grande fatigue. Au rayon des initiatives déjà prises: la création d'un espace confidentiel, plus de collaboration avec les confrères, la création d'un site web, des formations (testing, vaccination...). S'il y a donc du terrain à gagner sur l'entrepreneuriat et l'innovation, les profils de coach et de héros local sont aussi ceux qui sont reconnus par Anne-Françoise Debont, la patiente qui participait à ce débat, se plaçant ainsi en correspondance avec les résultats de l'enquête. Ces derniers mois, covid oblige, le concept de " pharmacie du futur " est devenu plus concret. Prenons l'exemple du projet " Pharma on tour " à Bruxelles, qui donne la possibilité à tous les Bruxellois de se faire vacciner près de chez eux. " Chaque pharmacien doit dégager sa vision et créer sa pharmacie du futur. Il faut aller vers un hub de santé proposant plusieurs services comme les soins pharmaceutiques... Elle sera digitale et connectée (aux bases de données patients) pour donner des conseils personnalisés. Il y a d'autres axes stratégiques à développer comme la prévention et le dépistage, par exemple des patients diabétiques " , ajoute Koen Straetmans.. Parmi les souhaits exprimés par les pharmaciens, celui d'avoir des ressources plus concrètes à disposition. " Nous voulons créer des flashs learning, des formats plus courts, comme une vidéo de 10 minutes où un collègue partage son expérience... ", indique le président de l'APB qui précise que des workshops vont être lancés sur le thème des 6 profils. Le premier se penchera sur le coach santé. L'une des 5 dimensions décrites dans le Livre blanc souhaite répondre aux attentes du public. Les résultats d'une étude irlandaise montrent que le pharmacien est la première profession en qui les patients font le plus confiance (96%). Qu'en pense la représentante des patients? Quels nouveaux services espère-t-elle et à quel prix? Anne-Françoise Debont se dit prête à payer pour un suivi nutrition par exemple. Mais elle apprécie surtout la facilité offerte par la prescription électronique, tout en se demandant si les médicaments ne pourraient pas être accessibles directement dans son officine, sans devoir les commander. " On pourrait bien sûr améliorer la fluidité et justement, répond Koen Straetmans, bientôt (dans le courant de l'année), on pourra réserver ses médicaments via une application. Autre grand domaine à améliorer, c'est le conseil en privé: les pharmaciens doivent offrir cette possibilité le plus vite possible à leurs patients. Si on manque de place, on peut par exemple prévoir des moments de confidentialité ". La question de la collaboration dans la chaîne des soins est également l'un des piliers de la pharmacie du futur. Elle passe bien sûr par la collaboration pharmacien/médecin. Le président de l'APB rappelle qu'il faut essayer de connaître les prestataires de soins autour de soi et encourage les pharmaciens à participer à des concertations médico-pharmaceutiques. " Il y a les collaborations locales mais notre ambition est de développer un système de collaboration plus large. Pour que chaque pharmacien puisse profiter de la force d'un réseau à grande échelle, on va créer une plateforme Vision 2025 (#OurFuturIsBright). Il s'agira d'une grande communauté avec des sous-communautés, et des animateurs de l'APB qui joueront le rôle de sentinelle pour détecter les besoins formulés. C'est prévu pour dans quelques semaines ", se réjouit-il, tout en ajoutant qu'il ne s'agit pas d'une promesse révolutionnaire ni d'une plateforme magique. " Vision 2025 n'est pas fini, c'est un processus évolutif, on offre des instruments pratiques, on défend des nouveaux services... Qui aurait imaginé qu'un pharmacien pourrait prescrire la contraception d'urgence, le vaccin antigrippe...? On essaie de développer des choses intéressantes pour les pharmaciens mais aussi pour les patients. Le futur est celui qu'on crée pour soi-même, tous ensemble ", a conclu Koen Straetmans.