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La place du pharmacien dans la vaccination est sans nulle doute appelée à évoluer les prochaines années. Les exemples se multiplient à l'étranger avec souvent un impact positif sur la santé publique et le taux de couverture vaccinale. Parmi les pistes dans l'air, l'élargissement de l'autorisation de vacciner en pharmacie et le raccourcissement de la journée du patient. Une réflexion stimulée par le contexte du Covid-19. Lors du congrès annuel de la FIP, Virtual 2020, un appel urgent à agir a été lancé pour éliminer les obstacles qui, partout dans le monde, empêchent les pharmaciens à délivrer les vaccins ou à vacciner. Les freins concernent la législation, la formation, les données et les systèmes de surveillance qui doivent être connectés aux systèmes internationaux, et la confiance en la vaccination. L'urgence étant bien sûr justifiée par le contexte du coronavirus, comme le Conseil supérieur de la santé l'a souligné dans notre pays aussi. Le 15 septembre dernier, la proposition émanant de trois syndicats médicaux (Absym, Cartel et AADM) d'autoriser la délivrance par le pharmacien du vaccin contre la grippe sans ordonnance aux plus de 50 ans, avec remboursement immédiat, a été évoquée en médico-mut. Les médecins voyant là un moyen de désengorger les cabinets médicaux. Tous les indicateurs étant au vert, le 20 septembre, le Collège de médecine générale (CMG) a annoncé la nouvelle à ses membres en ces termes : " L'enjeu consiste à éviter la collision d'un pic d'hospitalisation des patients compliquant une grippe avec un possible pic d'hospitalisation de patients compliquant un Covid-19. Pour le Covid-19, nous connaissons la fragilité des mesures de prévention et nous ne pourrons vraisemblablement pas compter sur l'arrivée d'un vaccin à temps et en quantité suffisante. Il est donc important de se focaliser sur la vaccination grippe afin de diminuer le nombre de patients qui la contracteraient et donc qui en développeraient des complications. Les indications du vaccin ont donc été étendues à tous les patients de plus de 50 ans. Grâce à nos géniaux syndicats, l'Inami a accepté que les patients de plus de 50 ans puissent obtenir le vaccin grippe et en être remboursés sur simple présentation de leur carte d'identité chez le pharmacien de leur choix. Ceci, sans ordonnance. Le but étant de réduire notre charge de travail en réduisant les sollicitations pour des ordonnances et d'accroître l'accessibilité de la vaccination. L'ordonnance sera délivrée au moment de la vaccination chez le médecin généraliste ". Les médecins semblent donc s'être ralliés à l'idée d'une participation plus active des pharmaciens dans la problématique de la vaccination contre la grippe. Au moment de mettre sous presse (23 septembre), l'Inami n'avait cependant pas encore définitivement statué (en dépit de l'enthousiasme de la CMG !), les arrêtés royaux devant être adaptés (et prévoyant un effet rétroactif au 1er octobre), date correspondant aussi au changement de catégorie de remboursement des vaccins contre la grippe (Cs à B). Rappelons qu'il y a un an, en septembre 2019, soit bien avant la crise du coronavirus, l'Académie royale de médecine s'était déjà prononcée en faveur d'un élargissement de l'autorisation de vacciner et à la vaccination contre la grippe par les pharmaciens arguant du fait qu'il " existe assez de preuves et d'études scientifiques dans d'autres pays pour affirmer que la vaccination contre la grippe par des pharmaciens d'officine représente une plus-value en matière de santé publique ". Elle souligne alors que l'objectif visé est " une augmentation générale de la valeur de la vaccination et du taux de vaccination concret au sein de la population des adultes à risque ". (armb.be) Les débats ont ensuite été interrompus par le Covid et, après reprise des concertations, l'horizon semble donc s'ouvrir en optant, pour l'instant, pour le principe du raccourcissement de la journée du patient. " C'est dans notre stratégie de développer des services en pharmacie et d'exploiter les compétences des pharmaciens. La question de la vaccination contre la grippe est latente et devra être résolue un jour ", fait observer Alain Chaspierre.