Oui, les pharmaciens peuvent être mobilisés pour accroître le taux de couverture vaccinale dans les populations à risque : c'est la position qu'adoptent l'Académie Royale de Médecine de Belgique et son pendant flamand, la Koninklijke Academie voor Geneeskunde van België, qui visent ici l'immunisation contre la grippe.
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L'avis dont question a été formulé en réponse à une question posée en mai dernier à la KAGB par l'ancien ministre flamand en charge de la santé, du bien-être et de la famille, le CD&V Jo Vandeurzen. Rappelons en effet que, en dépit du caractère " belge " de sa dénomination, la KAGB est en réalité un organe consultatif de la Communauté flamande.Dans la foulée, la question de Jo Vandeurzen a toutefois également été posée à l'ARMB, les deux instances ayant décidé de s'exprimer d'un commun accord sur la question. La prévention a en effet beau être du ressort des communautés, la législation qui encadre les professions de soins reste, elle, fédérale...L'avis des académies est clair : les pharmaciens peuvent vacciner contre la grippe, à condition du moins d'y avoir été formés, de bénéficier du soutien logistique nécessaire et d'enregistrer cet acte, ce qui suppose qu'ils aient accès à Vaccinet en Flandre ou à e-vax dans le Sud du pays.Cet avis se base sur l'expérience récoltée à l'échelon international et sur les rapports scientifiques qui y ont été consacrés. Au Royaume-Uni, en Irlande, en France, au Portugal, au Canada et aux États-Unis, les pharmaciens sont en effet habilités de longue date à administrer le vaccin contre la grippe, avec des résultats positifs.Avant d'être autorisés à réaliser cet acte, les pharmaciens devront toutefois suivre une courte formation " académique " de six à huit heures, à réitérer tous les trois ans. Elle couvrira une série d'aspects théoriques et pratiques tels que la composition des vaccins, leur administration, la connaissance des recommandations du Conseil supérieur de la santé, le travail en conditions stériles, les réactions allergiques et leur identification, les premiers soins en cas d'anaphylaxie, etc.L'autorisation de poser cet acte doit également, poursuit l'avis, être clairement définie " et préciser que le pharmacien est habilité à vacciner les adultes appartenant aux groupes à risque sur la base des recommandations du Conseil supérieur de la santé ". (les italiques sont de nous)Les Académies soulignent que leur avis n'a pas pour objectif de provoquer le déplacement de la vaccination contre la grippe du médecin de famille au pharmacien, mais bien d'une part d'accroître le taux de couverture vaccinale (en première instance contre l'influenza) et d'autre part de souligner l'importance de l'immunisation. Elles évoquent également à l'appui de cette position des exemples en provenance de l'étranger. Au Royaume-Uni, par exemple, le taux de vaccination a clairement augmenté lorsque cet acte a été ouvert aux pharmaciens, en partie parce que les patients ont aussi été plus nombreux, dans la foulée, à se faire vacciner par leur médecin traitant...Jo Vandeurzen a également demandé à la KAGB s'il était souhaitable d'étudier sous un angle scientifique la possibilité d'autoriser d'autres professionnels de la santé que les médecins, infirmiers et sages-femmes à administrer des vaccins de façon générale (et donc pas uniquement celui contre la grippe). Les Académies estiment dans leur avis qu'il est en tout cas souhaitable de prévoir la possibilité légale de réaliser des études scientifiques à ce sujet, au cas où une telle évolution " s'avérerait nécessaire à un certain moment en raison du contexte épidémiologique [...] " Elles semblent toutefois, en première instance, penser spécifiquement aux pharmaciens. Notre enquête 'Qui êtes-vous, pharmacien ?' a révélé que plus de la moitié des pharmaciens seraient partisans de l'autorisation d'administrer des vaccins. Les médecins de famille ne l'entendent toutefois pas vraiment de cette oreille : tant le Cartel que l'Absym se sont clairement positionnés contre cette possibilité.