...

Le Pharmacien: Qu'est-ce qui vous a donné envie de faire des études de pharmacie? Manon Defourny : J'aimais les sciences et le côté humain. Même si je suis timide, je me suis rendue à une séance d'information après les humanités et j'ai d'abord choisi de passer l'examen d'entrée en médecine en sachant que, si je le ratais, il y avait moyen de m'orienter soit vers le biomédical, soit vers la pharmacie. J'y allais aussi pour mesurer le degré de sciences attendu et je n'ai pas été déçue. Mais j'ai raté la partie "empathie" de l'examen. Je crois que je n'étais pas prête à la confrontation des maladies incurables et à l'annonce de mauvaises nouvelles. J'ai aussi eu la chance de découvrir l'arrière du décor chez mon pharmacien habituel avant d'entamer mes études et j'ai été séduite par tout ce qu'on ne voit jamais et qu'on connaît assez mal en réalité: les préparations magistrales, la logistique de réception des médicaments, etc. Qu'est-ce qui vous plait dans ce métier aujourd'hui? C'est le côté social et le côté scientifique. Le fait d'aider les gens, de les conseiller, de leur expliquer pourquoi et comment ils doivent prendre leur traitement. J'aime beaucoup ça, de même que tisser une relation avec eux. On s'attache forcément au fil de leur histoire, de leurs problèmes, de leur maladie, de leur guérison. C'est un métier très émotionnel, il faut aussi pouvoir se protéger à plus long terme je pense. Mais je n'en suis pas là. Je trouve aussi que ces dernières années ont été marquées par de belles évolutions qui revalorisent, à juste titre, le rôle de première ligne du pharmacien d'officine. Le fait de pouvoir vacciner les patients, de jouer un rôle clé comme pharmacien de référence, de les accompagner dans leur trajet de soin comme l'asthme (ou la BPCO, ce qui est tout nouveau), le schéma de médication, le sevrage des benzodiazépines, le suivi des trajets de soins aussi... On est vraiment au coeur de notre métier! Même si c'est aussi plaisant de conseiller un cosmétique ou un médicament de conseil pour les aider à solutionner un problème plus ponctuel. Comment voyez-vous l'évolution du métier de pharmacien d'officine? Avec optimisme parce que je pense qu'on aura toujours besoin du côté humain de ce métier pour venir en aide aux patients ou les aider à gérer leur santé. Et même si la technologie (les pharmacies en ligne ou l'IA) change la pratique, elle ne pourra pas remplacer cette dimension humaine qui est souvent ancrée chez chacun de nous dès le départ, bien avant les études en fait. Que diriez-vous à un jeune en quête de formation et de sens pour son avenir à propos du diplôme de pharmacien? Que c'est un beau métier quand on aime les gens. Que c'est un métier très varié qui réserve beaucoup de choses inattendues parce que chaque patient qui se présente a un problème personnel qu'il faut aider à solutionner. Il y a des jours plus compliqués ou plus difficiles en fonction de ce à quoi on est confronté. Mais c'est toujours passionnant quand on aime la science et les gens!