" Au vu des défis considérables qui nous attendent, nous sommes partisans d'un nouveau pacte avec le gouvernement... et en tout état de cause, les moyens pour financer l'innovation ne viendront plus exclusivement du segment post-brevet. Il serait aussi souhaitable d'impliquer les administrations et les autres acteurs concernés dans l'élaboration de cet accord. "
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Joris Van Assche, directeur général de Medaxes, est convaincu que le nouvel accord de gouvernement peut ouvrir la porte à une approche différente dans le secteur des médicaments " bon marché " (génériques et biosimilaires). " L'accord de gouvernement est assez positif et Medaxes est demandeur d'un nouveau pacte équilibré ", commente Joris Van Assche. " Nous aimerions y impliquer d'autres acteurs dont notamment les administrations, car ce sont elles qui vont en assurer la faisabilité, mais aussi d'autres secteurs, par exemple les médecins, pour la durabilité. Cela va sans doute un peu ralentir les choses, mais ce qui compte, c'est de trouver un équilibre. " Le mantra des dernières années - en vertu du précédent accord de gouvernement et du pacte avec Maggie De Block - était que l'innovation devait être financée grâce aux économies dans le segment post-brevet. " Heureusement, cette position a disparu du nouvel accord de gouvernement ", poursuit Joris Van Assche. " Lors de notre récente generic medecines day, l'administrateur général de l'Inami Jo De Cock a d'ailleurs souligné qu'il n'est plus possible de concentrer toutes les économies sur le secteur des produits hors brevet. Ces neuf dernières années, les prix des nouveaux médicaments innovants ont augmenté de 300%. Dans le même temps, ceux des génériques ont chuté de 32%. En plus, ce fossé continue à se creuser, même si une partie est remboursée dans le cadre des Managed Entry Agreements (les contrats confidentiels entre les autorités et les firmes, ndlr) - mais nous ignorons évidemment de quels montants il est question, puisque ces accords relèvent d'un secret bien gardé. " Medaxes n'est du reste pas opposé aux MEA pour assurer l'introduction rapide des innovations sur le marché belge. " Nous sommes pragmatiques. Néanmoins, ces MEA concernent déjà un tiers du budget des médicament, et c'est à juste titre que le nouvel accord de gouvernement prévoit de revoir ce point. Le caractère confidentiel du système complique énormément le décodage du budget. Où se situent les augmentations? Les baisses? La politique du médicament comporte une part de politique budgétaire, que cette approche ne contribue vraiment pas à simplifier. " En un mot comme en cent, l'effort ne peut pas venir entièrement du segment post-brevet. " Une baisse de prix est entrée en vigueur au 1er juillet, et j'ai mes doutes quant à sa faisabilité à court terme ", observe Joris Van Assche. " Quid de la disponibilité? On a imposé cette mesure, puis on a accordé 11 millions d'augmentations de prix non prévues dans le budget de l'Inami pour éviter des pénuries. Avouez que ce n'est pas très cohérent. Prescrire davantage de "bon marché" dans le segment hors brevet reste possible, mais il ne faut pas non plus en attendre des miracles. " Joris Van Assche espère aussi que le nouveau gouvernement va enfin s'attaquer au dossier des biosimilaires. Ceci permettrait de renforcer la concurrence dans le marché des médicaments biologiques pour lesquels il existe une alternative biosimilaire, qui représente environ un demi-milliard d'euros. " Nous sommes vraiment en retard sur l'étranger. Les biosimilaires sont tellement peu utilisés que c'en est inquiétant, et il arrive même qu'ils ne soient tout simplement pas mis sur le marché. " Entre janvier et août de cette année, le chiffre d'affaires des génériques a en outre diminué de 4% en comparaison avec la même période en 2019. " On a observé en mars un net effet de stockage, suivi d'une forte baisse en avril. De nombreux patients ont interrompu leur traitement chronique au cours de la crise du covid-19, ce qui ne sera jamais complètement compensé. " Depuis dix ans, les pharmaciens d'officine ont le droit de pratiquer la substitution pour les antibiotiques et antimycosiques. Medaxes n'est pas demandeur d'un élargissement de ce système. " Cette mesure est souvent présentée comme une solution pour réaliser des dizaines de millions d'économies, ce qui n'est en réalité possible que si le pharmacien remplace un produit coûteux par une alternative bon marché ", souligne Joris Van Assche. " Et il y a dix ans, c'est vrai, il y avait encore d'importantes différences de prix... mais ce n'est plus le cas aujourd'hui, car la plupart des originaux sont également devenus bon marché. D'après nos calculs, ce switch rapporte donc beaucoup moins que dans le passé, 6 millions à peine. C'est le genre d'économie qu'on peut réaliser même sans substitution. " Il évoque également le fonctionnement du marché. " Le pharmacien décide de la délivrance en tenant compte de la continuité du traitement et des conditions commerciales, ce qui débouche sur une course vers le bas. On fait jouer au maximum la concurrence entre les fabricants, qui ne font en définitive plus aucun bénéfice sur leurs produits et finissent par les retirer complètement du marché, comme c'est déjà le cas pour 23% des antibiotiques. En plus, cela finit par déboucher sur une concentration sur une poignée d'acteurs. " À terme, élargir la substitution serait " vraiment une erreur ". " Le marché s'appauvrit et les flux financiers ne sont pas transparents, ce qui ne bénéficie qu'au pharmacien et à la rigueur aux fabricants qui parviennent à élargir leur part de marché, mais pas aux patients, aux soins de santé ou à la société. Le débat sur le rôle et la rémunération du pharmacien n'en devient que plus prégnant ", poursuit Joris Van Assche. " Je comprends tout à fait qu'on ait recours à la substitution lorsqu'un médicament n'est vraiment pas disponible, mais dans ce cas de figure, il est souhaitable de publier le plus rapidement possible un arrêté royal en ce sens. " Enfin, il serait nécessaire, en concertation avec les médecins, d'ouvrir le débat sur les volumes de prescription des IPP, des antibiotiques et des antidépresseurs. " L'EBM et l'efficience doivent être au premier plan... mais quant à savoir si on prescrit trop ou trop peu, mieux vaut laisser cela aux médecins. " D'après Joris Van Assche, le volume d'antibiotiques prescrits en ambulatoire a diminué, celui des antidépresseurs est resté constant et celui des IPP affiche " une augmentation peu spectaculaire " - voire plutôt un glissement, après le retrait du marché d'autres antacides.