Récemment, nous vous avons présenté l'enquête que nous lançons pour mieux connaître nos lecteurs, dans leur vie privée et professionnelle. Retour sur l'expérience avec le pharmacien Philippe Parent (photo) pour qui ce type d'enquête devrait être l'occasion de mettre en évidence le rôle d'écoute de la profession.
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Pourquoi participer à cette enquête? Pour Philippe Parent, pharmacien à Bruxelles, qui a répondu à toutes les questions, il est important d'avoir l'avis des collègues sur tout ce qui fait évoluer le rôle du pharmacien : "Je crois que, dans la population des pharmaciens, certains sont à 200% pour la réorganisation de la première ligne, mais il y en a autant qui ne sont pas intéressés. Par exemple, pourquoi les infirmières peuvent vacciner et pas nous? Je pense qu'il faut absolument changer l'esprit du corps pharmaceutique : on a fait des années d'université, on a toutes les compétences pour aller plus loin dans les soins pharmaceutiques et être reconnu pour cela. "De nombreuses questions essaient ainsi de cerner votre avis sur l'avenir de la profession. Philippe Parent aurait aimé y trouver aussi une question sur l'élargissement du pouvoir de substitution, notamment dans le cadre de la pénurie de médicaments: "Ce serait l'occasion de stimuler les autorités pour dire que les pharmaciens font du bon boulot, qu'ils savent prendre contact avec le médecin quand c'est nécessaire et, qu'en général, ces derniers approuvent nos conseils. Si on peut le faire pour les antibiotiques et les antimycosiques, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas le faire pour d'autres choses : le pharmacien devrait trouver un cadre légal pour le réconforter par rapport à cela. Ça permettrait de stimuler la vente des génériqueurs et de faire jouer un peu plus la concurrence entre laboratoires. ""Nous avons un pouvoir que les médecins ignorent encore, le pouvoir d'écouter nos patients à n'importe quel moment et de les diriger. On devrait par exemple avoir un outil 'prescription' pour inciter les patients à consulter leur médecin selon les plaintes exprimées. Nous sommes une antenne d'écoute"Le pharmacien bruxellois est aussi curieux de connaître l'opinion de ses collègues sur la question du partage des données des dossiers patients: "C'est important, mais j'ai des craintes concernant leur mise à jour, comme on le voit en France où les médecins et les pharmaciens ne mettent pas toujours à jour les dossiers. On ne peut pas empêcher quelqu'un d'aller dans une autre pharmacie et je crains qu'il y ait des choses qui nous échappent. " Sans oublier les doutes quant à l'aspect commercial de ces données...Une des questions concerne le système des gardes : "Il n'est pas idéal, ni sur le plan de la rémunération, ni de leur intérêt, estime-t-il. Je rêve d'une garde volontaire et mieux rémunérée. A partir de 23 h, on est là pour rien ou pas grand chose. J'aimerais que cette garde soit mieux considérée, on va peut-être vers une amélioration, mais je trouve qu'il y a encore trop de pharmacies qui font des gardes vraiment peu rentables. Aux urgences, il y a une surprescription d'antibiotiques, d'anti-inflammatoires et d'antidouleurs beaucoup trop forts en première intention, et surtout un manque de diagnostic... Dans ces conditions, je ne sais pas si le pharmacien de garde sert à grand chose, à part une urgence pour un soin, ou des pathologies plus aiguës comme une infection urinaire, des résistances antibiotiques... Il faut rediscuter avec les autorités. "Cette enquête permet donc de prendre la température des pharmaciens concernant leur vie à l'officine et en dehors. "C'est très bien parce que je pense que les gens sont moins volontaires pour donner leur avis à une union professionnelle plutôt que dans une enquête. Donner son avis dans un sondage n'engage à rien et on sait que les gens répondent la vérité. Il est aussi intéressant d'avoir des questions personnelles, sur les salaires etc. Cela ne me choque pas parce que tous les salaires sont déclarés maintenant et cela peut être révélateur de la mentalité du pharmacien. C'est très intéressant dans une étude sociologique de voir que des indépendants n'ont pas facile 'Il a quatre enfants et ne gagne que 2.500 ? par mois?' Ce sont des éléments qu'il faut mettre en évidence, estime Philippe Parent : on a une profession universitaire mais le salaire de base en officine est vraiment trop bas. Si on veut faire vivre des petites pharmacies indépendantes et pas que des grands groupes, il faut un peu élever notre base salariale. Il est donc important d'avoir des données là dessus, parce qu'il y a des fausses informations, les gens pensent que les pharmaciens roulent sur l'or..."