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La première étape consiste à identifier ses émotions. Pour ce faire, Adrien Bailly propose un outil qui grâce à deux questions (Est-ce que je me sens bien ici et maintenant ? Suis-je rempli d'énergie ou épuisé ? ) permet de se situer dans un tableau divisé en 4 quadrants. " Il faut prendre un moment informel pendant la journée pour partager cet état émotionnel avec l'équipe parce que cela contribue à réduire notre état de stress et favorise la compréhension et l'empathie des autres. Si on n'a pas les ressources pour gérer le stress, on peut voir si les collègues n'ont pas des stratégies qui ont été efficaces pour eux. Il est important d'utiliser cette technique pour comprendre pourquoi les membres de l'équipe ressentent telle ou telle émotion plutôt qu'évaluer soi-même la cause de leur affect ". Une compétence clé de l'expression c'est aussi l'écoute active des personnes qui expriment leur état émotionnel, sans porter de jugement et sans a priori, prévient le psychologue qui propose aussi un exercice individuel : " Pour commencer à reconnaître son état émotionnel, prenez des moments fixes dans la journée où vous vous posez les deux questions (plaisir et énergie) : essayez d'identifier votre état émotionnel trois fois par jour et partager le avec un proche. Ces compétences s'acquièrent avec l'entraînement et la répétition pour devenir un automatisme ". C'est la première étape de la régulation des émotions. La deuxième consiste à identifier ce qui cause cet état de stress et d'émotions négatives. Pour passer d'un état émotionnel à un autre (par exemple, de la tristesse à l'apaisement), on peut demander conseil aux membres du groupe, sortir la situation de son contexte en la comparant à une autre... Il existe des dizaines de stratégies de régulation des émotions qui permettent de nuancer et relativiser une situation. Tout en n'oubliant pas de trouver des petits moments de plaisir pour se ressourcer au quotidien. " Comme on n'a pas de formation en intelligence émotionnelle, on ne comprend pas ce qu'est une émotion et, individuellement, on se trouve vite à court de ressources, indique-t-il. Or, on pourrait différer l'appel à un spécialiste si on avait au moins des formations de base en gestion des émotions. Des études de l'ULiège et de l'UCLouvain ont démontré qu'on pouvait apprendre ou améliorer ses compétences en intelligence émotionnelle à partir de 18 heures de formation ". La sortie de crise nécessitera de la résilience : " Quand une situation change, on a besoin de s'y adapter. Pour ces publics qui auront donné beaucoup d'énergie ce ne sera pas simple de retrouver de l'énergie pour s'adapter à la nouvelle situation (sans doute compliquée par la crise économique). Il faut profiter de ce moment-là pour se donner des outils pour être plus résilient, entretenir son réseau social... Savoir en quoi nos proches pourraient nous aider peut déjà nous faire nous sentir mieux, même si on n'active pas ces ressources. L'intelligence émotionnelle favorise la résilience ". " Ce ne sont pas des outils extraordinaires que je propose, mais avoir une méthode simple qui permet d'avancer, de mettre des mots et de comprendre ce qui nous arrive, c'est déjà pas mal. L'enseignement de manière générale devrait proposer ce type de formation parce que la vie est faite d'une succession de moments de sérénité et d'adversité. Faire face à ces moments inattendus nous permet d'avancer ", explique Adrien Bailly qui développe aussi de courtes vidéos (prochainement disponibles sur YouTube). Preuve de la prise de conscience de ce besoin, l'ULiège pense intégrer la Gestion émotionnelle, l'année prochaine, dans le cursus des futurs pharmaciens pour leur apprendre à gérer les ressources humaines et faire de la gestion émotionnelle en officine.