Le lundi 27 janvier, la plateforme eHealth était inaccessible pour les praticiens. Problème résolu vers 16 heures, mais rebelote le lendemain : problème avec Recip-e à cause d'un problème d'hébergement chez Proximus. Les pharmaciens et les médecins généralistes en ont marre. Et ils le font savoir.
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Le problème de stabilité de la plateforme eHealth est connu de longue date. Mais les mois passent et se ressemblent. Il suffit de regarder le registre des incidents disponibles sur le site internet d'eHealth : ces 15 derniers jours, pas moins de cinq incidents sont recensés (15, 20, 24, 27 et 28 janvier). Ils sont parfois de courte durée (20 minutes), mais durent parfois une demi-journée, voire une journée entière, comme ce fut le cas le 15 janvier dernier, où tous les secteurs de soin ont été impactés de 9h38 à 18h00 si l'on en croit les chiffres fournis par la plateforme." Les pharmaciens sont débordés par des médicaments sans cesse indisponibles et un système informatique de l'eSanté belge trop souvent en panne. Les généralistes doivent gérer une épidémie de grippe, une charge de travail déjà très élevée partout, une alerte au Coronavirus et ils ne peuvent même pas compter sur le système qu'on les oblige d'utiliser ? Ce n'est pas raisonnable et ce n'est pas sérieux ! ", communiquent ensemble l'APB, la SSMG et l'APB.Domus Medica, l'Association flamande des médecins généralistes, est la première à réagir. Elle parle de " négligence coupable du gouvernement qui met directement en danger la santé du citoyen et tue potentiellement les patients ". Des mots forts qui traduisent une lassitude dans le chef des généralistes flamands." Nous sommes évidemment mécontents. Je partage tout à fait le point de vue de Domus Medica ", réagit le Dr Thomas Orban, président de la Société scientifique de médecine générale, qui a l'habitude de renseigner chaque panne de la plateforme eHealth sur Twitter. " Cela nous complique la vie. Lundi matin, on ne savait rien faire, même pas une mise à jour de DMG. C'est un manque à gagner pour les généralistes. " Et le généraliste de pointer le manque d'écoute du cabinet De Block. " Soit ils sont sourds, soit ils s'en foutent. Mais avec le temps, j'ai tendance à penser qu'il y a un peu des deux. Trop is te veel. "Le syndicat médical Absym abonde dans ce sens. " Au moment où la prescription électronique est obligatoire, ce service désastreux fragilise la crédibilité du système. Cela ne peut continuer comme ça. "Qu'attendre, donc, dans ces circonstances, des instances politiques ? " Nous voulons simplement une meilleure gouvernance d'eHealth sur le plan national ", répond Thomas Orban. Une rencontre est prévue entre la SSMG et Frank Robben, administrateur général de la plateforme eHealth, d'ici mars pour " enfin faire avancer le dossier ". Côté absymien, la demande est simple : pas de nouveaux services tant qu'il n'y a pas de garanties " fermes " pour un bon fonctionnement des outils numériques existants.D'aucuns soulignent cependant une réaction trop virulente de la part des médecins. " Certes, les pannes sont plus que désagréables. Mais la communication est fort excessive : le gouvernement ne tue pas des malades, leur santé n'est pas lourdement menacée, l'épidémie de coronavirus n'est pas (encore) là. Un peu de retenue serait bienvenue ", répond le Dr Jacques de Toeuf, président de la plateforme eHealth, appuyé par Thibaut Duvillier, administateur général adjoint d'eHealth.De son côté, Maggie De Block " regrette les problèmes et est consciente de l'urgence d'examiner en détail l'infrastructure de la santé en ligne ". La ministre promet un " retour sur investissement rapide ", mais souligne qu'une " coopération intense entre toutes les parties est nécessaire, une meilleure atmosphère et une meilleure gouvernance doivent également en faire partie ".Assez pour calmer le secteur ? Pas sûr...