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" Je ne m'arrête pas! " On peut dire que le champ d'activités de ce jeune pharmacien, pas encore trentenaire, donne le tournis! Si Thomas Genonceaux s'est au départ lancé dans des études de pharmacie, c'était avec l'idée de faire de la recherche dans le domaine de la botanique. " C'est ce qui me semblait le plus adapté par rapport à ce que je recherchais, pas forcément pour être dans le secteur santé, c'était les sciences qui m'intéressaient. Au fur et à mesure des années, les études se spécialisent de plus en plus vers les médicaments et le patient. Ça m'a beaucoup plu, mais c'était toujours dans l'optique de faire de la recherche, j'étais d'ailleurs étudiant-chercheur au laboratoire de pharmacognosie de l'UCLouvain. C'est en dernière année, lors de mon stage en officine, que je me suis rendu compte que ça me plaisait beaucoup. Ça a été une révélation! " En 2015, deux voies s'offrent au jeune diplômé: être chercheur dans le laboratoire de pharmacognosie ou intégrer la pharmacie où il a fait son stage à Braine-l'Alleud. C'est la seconde option qui l'emporte: " J'ai réellement accroché à l'officine et puis j'en avais un petit peu assez du secteur universitaire... ". Un an plus tard, il est engagé par la pharmacie Meurisse dans la même commune, qu'il reprend en 2018. " Une fois encore, cela ne faisait pas partie de mes objectifs de base mais quand la propriétaire, Claire Mathys, me l'a proposé, je me suis dit que c'était le moment de se développer. Si j'envisageais alors de passer l'agrégation pour pouvoir aussi enseigner en secondaire, aujourd'hui, je ne regrette pas du tout d'avoir repris cette pharmacie ". Pour l'épauler dans cette tâche, il s'est entouré de sa soeur, également pharmacienne, et de sa maman qui, à l'âge de 60 ans, a repris des études d'assistante en pharmacie pour apporter son aide dans ce projet. Deux autres pharmaciennes complètent l'équipe. Ce portrait ne serait pas juste si l'on ne parlait pas des autres passions dévorantes qui animent littéralement Thomas Genonceaux. A côté de ses activités de pharmacien, c'est aussi un pâtissier qui fait le régal de sa famille et de ses amis et un violoniste aguerri qui fait partie de l'orchestre symphonique de Nivelles. Pourquoi le violon? " C'est un coup de coeur, répond-il. Je baignais déjà dans la musique parce que mon père, musicien autodidacte, jouait de la guitare et du saxophone. A l'âge de 7 ans, lors d'une journée porte ouverte à l'académie, je découvre les instruments et quand j'ai vu le violon, j'ai tout de suite voulu en faire. Mes parents se sont dit que ce serait la catastrophe pour un enfant aussi jeune, or ça s'est très bien passé: j'ai commencé le violon à l'académie de Braine-l'Alleud où j'ai fait tout mon cursus et le solfège ". " Ensuite, j'ai suivi des cours de musique de chambre et, depuis 7 ans, je fais partie de l'orchestre symphonique de Nivelles. C'est un orchestre amateur semi-professionnel où je suis le chef des premiers violons. Chaque semaine, on a une répétition de 2 heures et on donne 2-3 concerts par an ". En novembre dernier, après deux années d'arrêt forcé, ces musiciens ont enfin pu se produire à nouveau devant un public. " Actuellement, je suis toujours à l'académie en tant que renfort violon (pour jouer dans des groupes) et j'ai repris un autre instrument, l'alto, un violon avec une technique un peu différente. Je fais de l'orchestre à l'alto, de la musique de chambre à l'alto... De temps en temps, je donne aussi cours de violon et d'alto à des jeunes, en privé. Tout m'enchante, le plaisir de jouer, les concerts, c'est super gratifiant d'arriver à un résultat qu'on peut partager et que le public soit content ". Pour lui, jouer est véritablement synonyme d'évasion: " Ça change complètement les idées et ça ouvre beaucoup de portes, ça permet de chouettes échanges. Par rapport à l'officine, c'est amusant parce qu'en fait tout le monde aime la musique et quand on commence à parler avec les gens, on se rend compte qu'ils sont nombreux à avoir essayé de jouer d'un instrument à un moment donné... Beaucoup de patients de la pharmacie apprécient la musique classique, donc je mets les affichettes pour annoncer les concerts, certains viennent écouter... Ces échanges rapprochent beaucoup ", estime-t-il. Son goût pour la pâtisserie est venu plus tard, grâce à sa maman qui concoctait souvent des tartes et gâteaux. " Ça m'a toujours plu, j'ai commencé à faire des petits biscuits... A la fin du secondaire, je me suis mis à regarder des vidéos et l'émission 'Le meilleur pâtissier', ce qui donne envie d'essayer un peu plus de choses. En tant que pharmacien, chipoter avec des quantités précises, des mélanges, des émulsions, ça me parlait beaucoup. J'ai tout appris en autodidacte, ce qui m'a quand même permis d'atteindre un assez bon niveau reconnu par certains. J'ai failli participer au ' Meilleur pâtissier', l'équipe du casting m'y voyait, sauf que c'est une émission française qui bloque beaucoup les Belges ". Il n'est d'ailleurs pas impossible qu'il assiste un jour Mélanie, finaliste de ce concours il y a 4 ans, dans les ateliers de pâtisserie qu'elle organise à Nivelles. Le grand défi que Thomas Genonceaux s'est lancé il y a 3 ans et qu'il s'apprête à réussir c'est de devenir... chocolatier. " La chocolaterie c'était un domaine que je ne maîtrisais pas du tout, c'est hyper compliqué ". En mars, il terminera donc une formation de chocolatier, donnée à l'Ecole de promotion sociale à Braine-l'Alleud, à raison de 5 heures de cours par semaine, d'un stage dans une chocolaterie et d'un examen. L'épreuve finale, à passer sous l'oeil d'un jury, consiste à créer un assortiment de pralines serties dans une boîte en chocolat. Pour notre pharmacien, violoniste et pâtissier, le thème s'est imposé: ses 4 pralines seront déclinées selon les 4 saisons, en référence à Vivaldi bien sûr, le tout présenté dans une boîte en forme de violon sculpté dans du chocolat. " Pour l'hiver, je me suis un peu inspiré de la pharmacie puisque la praline contient du caramel à l'eucalyptus. Ceux qui l'ont goûtée m'ont dit qu'elle fait penser à des bonbons pour la gorge! ", explique-t-il non sans malice. Pour l'automne, c'est inspiration tarte au potiron, pour l'été, tarte aux fraises, et pour le printemps, place au jasmin. Le jeune homme l'avoue: il a eu un gros coup de coeur pour le chocolat. " C'est de la pharmacie en fait, c'est fou! Les préparations magistrales c'est clairement de la cuisine! Je ne sais pas qui s'est inspiré de qui mais quand on fait fondre du chocolat, par exemple, il faut attendre que ça tempère, un peu comme quand on fait des suppos au collargol! " " Dans 3 mois, je serai pharmacien et officiellement chocolatier! Il y aura bientôt une gamme de pralines de la pharmacie Genonceaux! , s'amuse-t-il tout en assurant qu'il ne va pas abandonner la pharmacie pour autant. Si on suit la logique de mon parcours, à chaque fois que je rencontre quelque chose, j'y vais! Ici, non, je suis très content dans mon officine néanmoins, en parallèle, j'aimerais par exemple donner des formations en chocolat ou en pâtisserie... " Si, pour Thomas Genonceaux, ces trois dernières années ont été placées sous le signe du chocolat, un autre élément beaucoup moins maîtrisable est venu perturber cette belle mécanique: le désormais fameux coronavirus. " La pandémie a exigé beaucoup d'énergie, a généré beaucoup de stress, mais c'est mon rôle en tant que pharmacien d'aider les gens. Je pense avoir réussi à gérer la situation, même si c'était la galère et qu'on a dû se débrouiller. On a essayé d'apporter le service à nos patients, ce qui nous a pas mal rapprochés ". Quand le centre de vaccination au Stade Gaston Reiff a ouvert à Braine-l'Alleud, on lui a demandé d'en être le pharmacien responsable: " Je me suis ajouté cette tâche en plus! Je ne savais pas trop ce que ça impliquait. Je gérais les commandes de vaccins, du matériel, des étiquettes, le personnel etc. Je faisais également partie de l'équipe de préparation des vaccins sur place. C'était un gros job mais je me suis dit que ce n'était pas quelque chose qui se présenterait tous les jours. C'est quand même une opportunité de participer à ce genre de projet, j'avais envie d'en faire partie ". Ce centre de vaccination a rouvert en novembre et c'est toujours Thomas Genonceaux qui en est le pharmacien responsable. " Il faut croire qu'ils étaient contents de moi! En parallèle, on m'a aussi demandé d'être l'une des 6 pharmacies satellites du Brabant wallon pour préparer les vaccins pour les médecins généralistes. Tout ça en plus du testing mis en place en été ", explique-t-il. A l'évidence, pour ce pharmacien, apprenti chocolatier, l'année 2021 a charrié son lot de nouvelles expériences. " Finalement, le covid apporte pas mal de choses. Je n'aurais jamais cru préparer des vaccins, faire des tests, etc. On n'avait jamais entendu parler de ça et maintenant je passe mon temps à mettre des écouvillons dans le nez des gens. Ce sont des nouvelles expériences qui, malgré tout, sont chouettes à vivre. Il faut avoir de nouvelles compétences, ça ajoute du boulot mais ce n'est pas grave. Le métier de pharmacien était déjà très complet et aujourd'hui, on élargit encore un peu le cercle des compétences. Autoriser les pharmaciens à vacciner, honnêtement, je trouve que ce serait une super idée, ne serait-ce que pour aider les médecins ", conclut Thomas Genonceaux dans un grand sourire.