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A quoi sert la Fédération internationale pharmaceutique (FIP) ? Son objectif est d'améliorer la santé mondiale en faisant progresser la pratique et les sciences pharmaceutiques, ce qui passe par la découverte, le développement, l'accessibilité et l'usage rationnel de médicaments appropriés, de qualité et présentant un rapport coût-efficacité favorable. (FIP, Vision 2020)De quoi a-t-on parlé à Abu Dhabi ? Les sujets abordés donnent une vision à 360° du monde la pharmacie, allant de l'imprimante 3D, aux thérapies cellulaires ou aux nanomédicaments, de la résistance aux antibiotiques à l'impact environnemental de l'industrie pharmaceutique, des applications de gamification de l'usage des médicaments aux services de pharmacie en ligne, de l'empowerment des patients aux indicateurs de qualité, de considérations éthiques à la transition verte et tout simplement... au futur de la pharmacie.Aujourd'hui, tout le monde a le même mot en bouche : " empowerment des patients ". Mais, de son côté, la FIP estime que de nouvelles stratégies et de nouveaux services visant à autonomiser les aidants informels, en particulier les femmes, doivent être mis en place. Elle exhorte ainsi les pharmaciens à renforcer le soutien qu'ils apportent aux femmes, souvent amenées à fournir des soins à domicile. " Actuellement, les systèmes de santé dépendent beaucoup des femmes en tant que soignantes informelles, mais ils ne leur fournissent pas de support adéquat ", fait observer la Fédération.Voilà pourquoi les 144 organisations membres de la FIP dans 103 pays et territoires ont adopté une déclaration de politique générale intitulée " Les pharmaciens au service des femmes et de l'utilisation responsable des médicaments, autonomiser les aidants informels. " Elle invite les gouvernements à soutenir les pharmaciens dans cet objectif par le biais de modèles de rémunération appropriés tenant compte des valeurs sociales et des économies potentielles.La Fédération explique qu'il est possible d'améliorer les résultats en matière de santé en garantissant un engagement financier stable dans des projets de formation et d'autonomisation destinés aux femmes 'soignantes' et dans les nouveaux services centrés sur les femmes, fournis en collaboration avec des associations de pharmaciens et d'autres professionnels de santé.En adoptant cette déclaration, les associations nationales de pharmacie se sont engagées à plaider davantage cette cause auprès de leurs gouvernements. Certains sont prêts à mener des projets destinés aux femmes et à leur autonomisation en tant que soignantes informelles (comme la mise au point d'un outil de dépistage permettant aux pharmaciens d'anticiper et de répondre aux besoins des femmes dans leurs communautés), et envisagent d'allouer des fonds pour des projets ayant un impact positif sur l'amélioration du statut social des femmes." Comprendre comment les pharmaciens peuvent soutenir les femmes dans leur rôle de soignantes informelles peut faciliter la réalisation des objectifs ambitieux de développement durable des Nations Unies d'égalité des sexes et de développement durable à l'horizon 2030 et contribuer à réduire les inégalités potentielles liées à la santé ", a déclaré Ema Paulino, secrétaire de la FIP.Mettre le patient au centre de ses soins, c'est aussi l'objectif de l'application DrugStars, lancée en 2017, qui permet de faire des dons simplement en prenant ses médicaments quotidiennement comme prescrit par le médecin. Il s'agit donc d'une application d'adhésion thérapeutique qui récompense les patients quand ils sont compliants. C'est aussi ce que l'on appelle la " gamification " de l'usage des médicaments, soit " donner en prenant ".DrugStars a été développée au Danemark par Claus Møldrup, un ancien professeur de la faculté de pharmacie de l'Université de Copenhague. Le but ? Essayer de réduire les conséquences négatives du manque de compliance.Comment ça marche ? Chaque jour, l'application rappelle au patient de prendre ses médicaments et le récompense d'une étoile pour chaque dose prise. Une étoile vaut 0,01$/£1, ce qui peut paraître peu mais, expliquent ses concepteurs, " les patients prennent en moyenne 1.000 doses/an ". Pour l'instant, environ 200.000 personnes l'utilisent, l'objectif visé est d'atteindre le million. Faites le calcul...L'utilisateur peut gagner des étoiles supplémentaires en invitant ses amis à télécharger l'application, en répondant à une courte enquête (revue de médication, effets secondaires...) et en acceptant de recevoir des informations sur des enquêtes ou des essais cliniques.Une fois que le patient a récolté 50 étoiles, il peut les donner à une oeuvre de charité qu'il choisit parmi celles proposées. Et, en faisant ainsi un don, il participe automatiquement à un tirage au sort mensuel pour gagner un chèque cadeau.Comment DrugStars monétise-t-elle les données recueillies ? En les vendant, de façon anonymisée et agrégée, aux sociétés pharmaceutiques. Elle les fournit également gratuitement aux universités, l'un des objectifs étant d'améliorer les soins de santé. " Vos données peuvent littéralement sauver des vies, c'est pour ça qu'on vous paie " : le deal est clair !DrugStars est un exemple de la nouvelle tendance de l'économie numérique où la monétisation éthique de l'information fait partie intégrante du modèle commercial, les utilisateurs étant activement récompensés pour avoir partagé leurs informations. Dans ce cas, la récompense consiste en des dons gratuits.C'est aussi un exemple d'outil qui donne plus d'importance à la voix des patients et qui essaye de donner une image plus positive au fait de devoir prendre des médicaments. Transformer ce mal nécessaire, cette corvée dont beaucoup aimeraient être libérés, en une expérience remplie de sens. " Pourquoi ne pas récompenser les patients de leurs efforts ? Pourquoi toujours agiter le bâton devant eux et pas une carotte ? ", s'est demandé Claus Møldrup. DrugStars est sa réponse qui, selon des études, semble être appréciée par des patients diabétiques ou épileptiques.L'application est disponible en téléchargement gratuit dans une dizaine de langues (mais pas en français ni en néerlandais). Les associations de patients bénéficiaires sont plutôt centrées sur le Danemark et les pays nordiques, le Royaume-Uni et les États-Unis. A ce jour, DrugStars a ainsi distribué 316.263 $ à des associations actives dans le diabète, le Parkinson, l'épilepsie, etc.