En décembre dernier, l'AFMPS a organisé un symposium sur les défis actuels rencontrés par la vaccination. L'un des exposés s'est employé à démonter les arguments des antivaccins.
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En Belgique, on utilise plus d'un million de doses de vaccins chaque année. De multiples procédures assurent la qualité, la sécurité et l'efficacité de ces produits pharmaceutiques les plus surveillés et contrôlés du secteur. Cependant, depuis quelques années, le mouvement antivaccination prend de l'ampleur. " Jusqu'à récemment, les antivaccins basaient leurs déclarations sur la littérature, internet... Mais, depuis peu, ils ont commencé à analyser eux-mêmes les vaccins, en faisant appel à des laboratoires et en publiant leurs résultats et conclusions sur des sites web ", précise Koen Brusselmans (Sciensano) qui a passé en revue les arguments qu'ils brandissent.Les antivaccins affirment ainsi que " les vaccins contiennent des composés toxiques (thiomersal, aluminium, squalène, formaldéhyde...) ".Koen Brusselmans explique que le thiomersal, précédemment utilisé comme conservateur (très faible dose, non toxique), n'est plus utilisé dans les vaccins. " L'aluminium, présent dans de nombreux vaccins (0,2-0,8mg), est essentiel en tant qu'adjuvant ! Les niveaux sont faibles et non toxiques. Il faut savoir que la dose quotidienne d'aluminium ingérée via l'environnement s'élève à 10mg ! " Quant au squalène, retrouvé dans certains vaccins, " il est aussi naturellement présent dans le corps, c'est un précurseur de la synthèse des stérols (cholestérol). Le formaldéhyde est, lui, souvent utilisé pour inactiver les vaccins et, après purification, les taux résiduels sont très bas (<0,1mg). On en ingère quotidiennement via l'environnement : air (1mg), alimentation (1-10mg), plastiques... ".Autre affirmation : " Les vaccins contiennent des impuretés élémentaires qui ne sont pas mentionnées sur l'étiquette et qui sont potentiellement toxiques (Fe, Al, Cu Cr, Zn Ca, Mg, Si...) "." Ces chercheurs ont utilisé un microscope électronique à balayage à canon à émission de champ (FEG-SEM) et une analyse par spectroscopie à rayons X à dispersion énergétique, apprend-il. Ils ne donnent aucuns détails sur leur méthode, ni sur la préparation des échantillons (ces éléments ont pu être introduits à cette étape), leurs analyses ne comprennent aucun contrôle positif ou négatif. La microscopie à balayage est une méthode qui permet d'identifier des éléments à très faibles doses mais elle ne permet pas de les quantifier. Par conséquent, quelle est la pertinence de ces données ? Les éléments traces sont présents partout dans l'environnement, à des taux extrêmement faibles, non toxiques ".Troisième déclaration : " Le vaccin MMR Priorix contient de l'ADN foetal humain : le génome complet, fortement modifié génétiquement et potentiellement carcinogène "." Il est correct de dire que l'un des composé de la rubéole est produit grâce à des cellules MRC-5 (lignée de fibroblastes diploïdes humains). Les vaccins ROR sont relativement 'vieux', mais ils ne contiennent que des taux résiduels de fragments d'ADN, faibles et non toxiques. Les cellules MRC-5 contiennent de l'ADN normal et ne sont pas tumorigènes. L'ADN des MRC-5 n'est pas génétiquement modifié et n'est pas carcinogène. Les vaccins MMR sont utilisés depuis plus de 40 ans et aucun lien avec une maladie n'a été établi ", fait observer Koen Brusselmans." Certains vaccins contiennent des virus étrangers ", affirment encore les antivaccins après avoir screener différents vaccins par séquençage de nouvelle génération (NGS)." Il s'agit d'une technologie avancée qui permet de détecter de faibles quantités d'ADN/ARN mais l'analyse de ces données est complexe et difficile, met en garde le spécialiste de Sciensano. Dans le Gardasil-9 (HPV), ils ont 'détecté' un Avian leukosis virus et 2 rétrovirus humains endogènes (K et H/env62), soit 3 rétrovirus susceptibles d'induire le cancer. Ces résultats sont insignifiants : le NGS doit être confirmé par des tests plus précis qui n'ont pas été réalisés ici ".Cinquième déclaration : " La présence de macromolécules et d'agrégats insolubles et indigestes dans l'Infanrix hexa, impossibles à séquencer/analyser. Est-ce un comportement de prion ? "L'Infanrix hexa reconstitué se présente sous la forme d'une suspension légèrement plus trouble que le liquide seul. " Les vaccins sont testés pour leur apparence par les fabricants et les laboratoires indépendants (OMCL), s'ils dévient des spécifications, ils sont éliminés, rappelle-t-il. Les laboratoires de recherche ont-ils correctement traité les échantillons ? De nombreux facteurs peuvent expliquer la survenue d'une agrégation mais (les antivaccins) ne proposent qu'une seule hypothèse : il pourrait s'agir de prions. C'est de la pure spéculation destinée à effrayer les gens, ce n'est pas de la science ! "Dernière affirmation : " Les vaccins ne contiennent pas les antigènes mentionnés sur l'étiquette " (Infanrix hexa : " aucun antigène ne peut être détecté ")Infanrix hexa contient 10 antigènes différents : Te, Di, Per (PT, FHA, PTN), IPV type 1,2 et 3, Hépatite B, Haemophilus influenzae type B. " Aucun d'eux n'a pu être détecté par un laboratoire de recherche ?, s'interroge le spécialiste. Pour développer une méthode appropriée, il faut connaître les antigènes/vaccin, seules les autorités et les OMCL y ont accès. Ces laboratoires ont utilisé la chromatographie en phase liquide couplée à la spectrométrie de masse (LC-MS) qui n'est pas adéquate pour quantifier les antigènes. Ils ne donnent aucun détail sur leur méthode, il est impossible d'affirmer que cela a été fait correctement. Les antigènes sont adsorbés par l'aluminium : si le laboratoire a analysé le surnageant, il est évident qu'il n'a pas pu trouvé d'antigène ou peu. L'identité et l'activité sont des tests obligatoires pour chaque lot de vaccin et ceux qui ne sont pas conformes sont rejetés "." Lorsqu'elles sont revues par des experts indépendants, les constatations et déclarations faites par les mouvements antivaccination ne peuvent ni être prouvées ni confirmées. Souvent, la méthodologie laisse à désirer, n'est pas ou peu décrite, il est donc impossible de valider ces résultats. De même, on manque d'information sur la collecte et le traitement des échantillons, de nombreuses erreurs surviennent déjà à ce stade. Les résultats d'analyses high-tech sont souvent mal interprétés et les conclusions fausses. Certaines déclarations sont de purs mensonges, des fake news ", conclut Koen Brusselmans en rappelant que la qualité des vaccins est fortement contrôlée et leurs sécurité et efficacité assurées.