Au cours de la crise du coronavirus, des étudiants en médecine ont retroussé leurs manches dans plusieurs maisons de repos et de soins belges. Les nombreuses absences pour maladie rendaient en effet le manque de personnel de plus en plus palpable dans le secteur, d'où l'idée de mobiliser les futurs médecins.
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Étudiante en dernière année de médecine à l'université de Gand, Emma Saelens aurait dû entamer son assistanat en neurologie quelques jours après l'annonce du confinement. Son stage a toutefois dû être annulé en raison des circonstances et elle a donc vu tomber à l'eau cinq semaines d'apprentissage pratique et d'expérience de terrain. Comme nombre d'étudiants gantois, elle s'est donc proposée comme bénévole. " L'idée de rester chez moi sans rien faire me faisait horreur. "Elle a rapidement été mobilisée pour assurer l'accueil dans un poste de garde, puis par l'association des médecins généralistes de Gand pour la distribution du matériel de protection aux omnipraticiens de la région. À la demande du Pr De Sutter, elle a également contribué avec d'autres étudiants à rédiger des directives pour Domus Medica (la faîtière de la médecine générale en Flandre, ndlr). Elle s'enthousiasme toutefois surtout lorsqu'elle évoque son travail à la MRS gantoise Ter Rive, où un ami et condisciple lui a proposé de venir l'aider. La proposition ne tombait du reste pas complètement du ciel, puisqu'elle venait de terminer un stage en gériatrie au mois de janvier et avait également effectué l'un de ses stages de base dans ce domaine. L'expérience de la maison de repos allait toutefois s'avérer un peu différente. " Armée " du matériel de protection nécessaire, elle a arpenté les chambres pour évaluer l'état de santé des résidents. Pas du tout évident au début, puisque " ce sont des patients qu'on n'a jamais vus et dont on ne connaît pas l'état de santé normal ". Elle a donc dû partir d'une page blanche, avec pour principal outil les connaissances médicales engrangées au cours des dernières années. Emma Saelens avait initialement un peu peur de contracter elle-même le virus, ne sachant pas à l'avance quelles mesures avaient été prises ou combien de matériel de protection elle aurait à disposition... mais une fois sur place (et rassurée sur ce point), ses inquiétudes ont rapidement fondu comme neige au soleil et elle ne craint aujourd'hui plus guère d'être contaminée. Apprendre à travailler de manière indépendante, à se concerter avec les autres, à mettre ses connaissances médicales en application... pour Emma, le travail chez Ter Rive a clairement été une expérience tout à fait pertinente au même titre qu'un stage. Ceux de ses condisciples qui se sont proposés comme bénévoles au cours de la crise n'ont sans doute pas tous eu cette chance. " Mais quand on continue à chercher et qu'on reste motivé, cela finit par porter ses fruits ", conclut-elle. Après la session d'examens du mois de juin (organisée au Flanders Expo), Emma obtiendra son diplôme de base en médecine. Ces derniers mois marqués par le coronavirus ont été irréels - " on se retrouve vraiment sur la brèche du jour au lendemain " - mais aussi riches d'enseignements pour les carabins, même si elle-même n'en a pris conscience qu'a posteriori. " Le coronavirus va encore dominer notre quotidien pendant un moment et je vais certainement, en tant que médecin, être aux premières loges des développements médicaux et organisationnels futurs. "