Notre compatriote Mathieu Vinken, professeur à la VUB, assurera à partir du 1er mai la coordination du projet européen " ONTOX ", qui veut développer des approches novatrices pour évaluer la sécurité des substances chimiques sans recours aux animaux de laboratoire.
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Déployé en collaboration avec 18 partenaires européens et américains, le projet bénéficiera de plus de 17 millions d'euros de subsides. Le Pr Mathieu Vinken, pharmacien toxicologue rattaché au département des sciences pharmaceutiques et pharmacologiques de la VUB, assurera la direction du consortium de recherche ONTOX, ou " ontology-driven and artificial intelligence-based repeated dose toxicity testing of chemicals for next generation risk assessment " dans la version longue. " D'après les derniers chiffres européens, qui portent sur 2017, quelque 9,58 millions d'animaux de laboratoire (principalement des rats et des souris) ont encore été utilisés cette année-là, malgré les efforts considérables déjà consentis pour faire diminuer ce nombre. L'accent est mis surtout sur le " remplacement ", mais nous devons rester réalistes: celui-ci n'est pas toujours possible. D'un point de vue scientifique, le but est donc de déterminer comment nous pouvons, avec les moyens dont nous disposons, contribuer à l'objectif ultime de remplacer complètement les animaux de laboratoire... tout en sachant que cela passera surtout en première instance par une diminution de leur nombre. Nous devons examiner la situation d'une manière la plus rationnelle possible afin d'examiner où ces animaux sont utilisés et où il est possible d'intervenir. " C'est là le point de départ de ce projet européen et interdisciplinaire, poursuit le Pr Vinken. " Nous travaillons avec des méthodes de culture cellulaire reposant sur des cellules humaines et des modèles contrôlés par ordinateur - c'est ce que l'on appelle respectivement des méthodes in vitro et in silico. L'idée de départ est que, en particulier dans le secteur pharmaceutique, jusqu'à la moitié des essais réalisés chez l'animal n'ont aucune pertinence pour l'homme en raison des différences interspécifiques. Notre projet repose sur deux piliers, l'ontologie et l'intelligence artificielle. L'ontologie désigne une manière pragmatique de récolter à toutes sortes de sources les informations qui existent déjà concernant des substances chimiques de toute nature et de les structurer de façon rationnelle. Nous nous appuyons notamment pour cela sur l'intelligence artificielle, en nous efforçant de conférer à la machine un niveau d'intelligence humaine suffisant pour lui permettre de prédire de façon précise la sécurité d'une substance chimique pour l'homme. " Le Pr Vinken est convaincu que le projet contribuera à générer des avancées colossales au cours des cinq années à venir. " Je ne m'avancerai évidemment pas à promettre qu'il permettra de mettre fin à l'utilisation d'animaux de laboratoire, mais nous allons développer des approches qui, à terme, en diminueront le nombre. " L'une des qualités de l'initiative est d'être non seulement interdisciplinaire, mais aussi intersectorielle. " Elle implique en effet non seulement le monde académique, mais aussi l'industrie et des instances de régulation comme l'EMA. Cela permet d'agir vraiment à l'interface entre la science et sa traduction concrète, car ce sont en définitive les personnes qui travaillent à ce niveau qui vont devoir utiliser les nouvelles méthodes dans le futur. Les impliquer dans notre initiative représentera toutefois un défi considérable, car se détacher des tests chez l'animal - qui restent actuellement l'étalon-or - demandera un véritable changement de paradigme. " L'équipe du Pr Vinken se concentre spécifiquement sur la toxicité hépatique, l'une des trois problématiques abordées dans le cadre du projet (les deux autres étant la toxicité rénale et la toxicité cérébrale). " Notre objectif est de développer une stratégie globale et générique, une preuve de concept qui pourra ensuite être appliquée à d'autres domaines. " Le projet ONTOX suscite bien des attentes et sera suivi de près un peu partout dans le monde, souligne notre compatriote. " C'est vraiment un défi mais aussi et surtout un grand honneur que de pouvoir diriger un grand projet de recherche comme celui-là. L'Europe joue indéniablement un rôle pionnier dans le domaine des études animales, n'ayons pas peur de le dire. L'interdiction de tester des cosmétiques chez l'animal qui s'applique déjà chez nous fait peu à peu des émules partout dans le monde. "