...

Le Pharmacien: Quand avez-vous décidé de faire des études de pharmacie? Victor Malherbe : J'ai commencé mes études en médecine parce j'ai toujours aimé les sciences mais, après deux ans, j'ai fait marche arrière pour m'orienter vers quelque chose de plus "scientifique", avec un côté chimie, sans pour autant perdre le contact humain. Et la pharmacie d'officine s'est imposée d'elle-même. Qu'est-ce qui vous a attiré en officine? Malgré d'autres stages, l'officine m'a toujours rattrapé et cette idée s'est consolidée au fil de mes études. Depuis mes deux années de travail, ce qui me plait le plus, c'est le comptoir. C'est riche et gratifiant au quotidien de pouvoir aider, écouter et développer une relation de confiance avec les patients. Ce qui me plait moins, en revanche, c'est la partie marketing du métier, tout ce qui ne fait pas véritablement appel à ma formation ou mes compétences scientifiques (la parapharmacie, la cosmétique, etc.) et pour laquelle je n'étais pas formé. Qu'aimeriez-vous changer? Je crois qu'il faut revaloriser le rôle du pharmacien dans ce qu'il est le seul à pouvoir faire. La plupart des gens viennent nous voir avant d'aller chez le médecin parce que nous sommes disponibles, il ne faut pas prendre rendez-vous et notre service est gratuit. Ils viennent chercher une première solution (un avis ou le conseil d'un produit) pour traverser ou prévenir un problème de santé. Nous sommes donc un maillon important dans la chaîne des soins de santé. Nous appartenons à la première ligne, et pourtant tout le monde ne nous reconnaît pas cette place. C'est cela qu'il faut changer! Les pharmaciens devraient-ils davantage se manifester? Oui, mais, comme beaucoup de pharmaciens, je ne vois pas comment nous y prendre! Les pharmaciens sont volontaires pour élargir leurs activités, comme ils l'ont prouvé ces dernières années. Mais cela reste difficile de faire évoluer l'image, parfois vieillissante, du pharmacien quand on sait qu'une officine ne peut pas simplement vivre des honoraires qu'elle peut générer et des ordonnances délivrées. Je pense que notre avenir réside dans le service à offrir au patient en officine. Vous vous verriez reprendre une officine un jour? J'aimerais beaucoup vivre cette expérience, mais les prix actuels et les multiples enjeux auxquels est confronté un titulaire-propriétaire sont vertigineux! La question est aussi de savoir quel est l'avenir d'une pharmacie indépendante en Belgique, où les groupes sont de plus en plus nombreux. Pour un jeune pharmacien, il est difficile de s'imaginer faire une grosse différence dans ce secteur face aux opportunités que présentent certains groupes. Que diriez-vous à un jeune pour l'attirer vers ce métier? Que c'est un métier polyvalent et varié, dans lequel on ne cesse d'apprendre. Qu'il en va de notre volonté de se former dans les domaines qui nous passionnent, qu'on soit un pharmacien cartésien, comme moi, ou plutôt tourné vers les médecines alternatives. Que c'est un métier riche au quotidien qui apporte des facultés de multitasking incroyables et qui ne cesseront de se développer dans le futur. Que le contact avec les gens est un défi quotidien mais que la récompense à la clé peut être d'autant plus gratifiante. Et enfin, que c'est un métier dans lequel on peut choisir de développer ses compétences et devenir le pharmacien qu'on a envie d'être.