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La plupart des maladies rhumatismales ne sont pas totalement guéries par les traitements actuels qui visent plutôt à soulager le patient et donc, dans ce cadre, la prévention a toute son importance. L'alimentation joue un rôle à ce niveau mais elle ne solutionnera pas le problème à elle seule. En effet, les causes de ces affections sont multiples : sédentarité, excès de poids, facteurs héréditaires, faiblesses immunitaires, sollicitations répétées et néfastes...etc.Globalement, on distingue trois types de rhumatismes : les rhumatismes inflammatoires tels la polyarthrite rhumatoïde par exemple, plus fréquents chez les sujets plus jeunes, les rhumatismes dégénératifs du sujet âgé, résultant de l'usure des articulations ou de la colonne vertébrale et enfin, les rhumatismes des parties molles qui consistent en une irritation des insertions musculaires, tendons et tissus conjonctifs.Il n'existe pas de régime contre les rhumatismes proprement dit. Cependant une alimentation saine et variée comportant suffisamment de fruits et légumes et peu de sel est conseillée. A l'inverse, les boissons alcoolisées, l'excès de viande et de sucre seront à éviter. Il convient de consommer peu d'aliments trop raffinés, pauvres en fibres ou qui contiennent des graisses cachées. Ces aliments n'apportent en effet ni antioxydants, ni sels minéraux. D'autre part, ils favorisent l'excès de poids qui est un facteur aggravant.Des études ont été effectuées sur le lien entre le régime et les problèmes de rhumatismes et il apparaît que l'huile d'olive, les huiles de poisson, les fruits et les légumes sont des facteurs protecteurs alors que la viande, les nitrites et un apport en fer trop élevé induisent ces problèmes. Ainsi, on évitera la viande rouge en excès ainsi que les charcuteries et autres viandes transformées car ces aliments contiennent de l'acide arachidonique pro-inflammatoire. De plus, le fer qu'ils contiennent possède des propriétés oxydantes qui contribuent à altérer les articulations. Le régime méditerranéen quant à lui semble réduire l'inflammation.Des apports trop importants en oméga 6 peuvent augmenter l'inflammation. On a constaté que les cartilages de personnes en bonne santé contiennent naturellement peu d'oméga 6. A l'inverse, on a retrouvé dans les cartilages de personnes souffrant de rhumatisme un niveau élevé d'oméga 6 proinflammatoires et un faible niveau d'oméga 3.Depuis une dizaine d'année, des études ont été menées chez l'homme et il apparaît que des suppléments d'EPA et de DHA ont un rôle positif dans les maladies des articulations telles que l'arthrose, l'arthrite rhumatoïde ou encore l'arthrite psoriasique.Des apports de 3gr/jour (1,8 gr d'EPA et 0,9 g de DHA) en acides gras oméga 3 peuvent réduire la douleur, le nombre d'articulations douloureuses et les raideurs. La dose préconisée implique une supplémentation et peut être doublée dans les inflammations sévères. Par contre, 1 à 2 g/j peuvent suffire en entretien ou dans les formes moins aiguës. Ces suppléments agissent en freinant la dégradation du cartilage et les phénomènes inflammatoires qui l'accompagnent. Si, en parallèle, on diminue les corps gras et autres aliments trop riches en oméga 6 (comme la viande, par exemple) et que l'on utilise des huiles riches en oméga 3 comme l'huile de colza, les bénéfices articulaires en seront augmentés. Les noix sont également recommandées pour leurs acides gras.La vitamine D joue un rôle dans la croissance et la minéralisation des os au niveau de l'absorption du calcium et du phosphore. Il a été observé qu'un déficit augmentera la douleur et le ralentissement de la marche chez les patients âgés atteints d'une arthrose du genou. Une étude américaine menée pendant plus de 20 ans a montré que des femmes de 70 ans atteintes de gonarthrose avaient, à l'âge de 50 ans, un taux de vitamine D plus bas que celles qui n'auront pas d'arthrose à 70 ans.En outre, il existe quelques arguments qui suggèrent que un apport alimentaire équilibré en vitamines C, D et E serait bénéfique pour le cartilage. Mais il n'existe aucune preuve scientifique pour penser qu'une supplémentation en vitamine C et E aurait une influence sur ces problèmes. Quant à la vitamine D, il est bien connu que la majeure partie de nos populations en est déficitaire et que des apports supplémentaires sont bénéfiques pour toute une série d'affections dont sans doute, les problèmes de rhumatisme.Le curcumaCette plante a le vent en poupe au niveau du conseil à l'officine pour tous les problèmes articulaires et rhumatismaux grâce à la curcumine qu'elle contient. Malheureusement, cette dernière est très mal absorbée. On lui ajoute donc bien souvent de la piperine (issue du poivre noir) pour augmenter sa bio-disponibilité.La curcumine possède des propriétés antioxydantes intéressantes pour préserver les articulations et limiter les effets du vieillissement et elle inhibe aussi la formation de plusieurs facteurs inflammatoires. On a observé qu'une prise quotidienne de 1200 mg de curcumine améliore la raideur, l'impotence fonctionnelle et les gonflements articulaires en cas de polyarthrite. Ceci permet de réduire la prise d'anti-inflammatoires et améliore le confort du patient. L'OMS reconnaît l'usage traditionnel du curcuma dans les problèmes d'arthrite.Cependant la prudence est de mise dans certains cas ; le curcuma est contre-indiqué chez les personnes qui souffrent d'obstruction des voies biliaires. On observe également des diarrhées et dans ces cas, il est préférable d'arrêter le traitement.Les produits contenant du curcuma pourraient interagir avec les anticoagulants, donc en pratique, il vaut mieux éviter la prise de doses élevées de curcumine en cas de traitement antiagrégant plaquettaire ou anti-coagulant.La curcumine inhibe le cytochrome P450 CYP3A2 et de ce fait peut potentialiser l'effet immunosuppresseur de la cyclosporine et enfin, la pipérine qu'on lui associe fréquemment augmente la biodisponibilité et ralentit l'élimination du propranolol, de la théophylline et de la phénytoïne.En pratique les extraits de curcuma se prennent à des doses de 100 à 400mg/j.D'autre plantesPour diminuer les symptômes douloureux et inflammatoires, il existe toute une série de plantes d'usage traditionnel. On peut par exemple conseiller la prêle pour sa richesse en silice et son action reminéralisante sur les cartilages et les os, l'harpagophytum pour ses propriétés anti-inflammatoires. Des études cliniques attestent qu'il diminue les douleurs articulaires légères à modérées et la raideur. La reine des près possède également des propriétés anti inflammatoires comparable à celles de l'harpagophytum. Plante des milieux humides, elle contient des dérivés salicylés et soulagera les rhumatismes aggravés par l'humidité.Et enfin, le cassis dont les feuilles sont riches en polyphénols antioxydants aura une action sur l'inflammation chronique et une action analgésique.Phn. Claire Debay