Après un hivernage de près d'un an, l'aquarium géant de Boulogne-sur-Mer a été remis à flots fin 2018. Il est plus que jamais le navire amiral des institutions françaises consacré au monde marin.
...
Iuvert en 1991, le Centre national de la mer situé dans le port de Boulogne, à quelque 60 kilomètres de la frontière, était peu à peu passé de musée flambant neuf à un aquarium un peu désuet, dans un processus de vieillissement accéléré qui caractérise les instruments pédagogiques dernier cri (et pas krill).Conscient qu'il fallait plus que repeindre la coque de ce navire amiral au niveau des bassins d'étude de la vie aquatique, il a carrément doublé sa voilure au cours des travaux qui se sont terminés l'an dernier.Son nouvel aquarium consacré à la vie en haute mer est d'une dimension de 60 mètres de long pour 30 de large et huit de profondeur, contient 10.000 mètres cubes d'eau... de mer bien sûr chauffée entre une température de 22 à 26 degrés. Ceci pour reproduire les conditions de vie de l'Île de Malpelo située dans le Pacifique, au large des côtes de la Colombie, à mi-chemin vers les Galapagos.Un écosystème extraordinaire puisque cet îlot n'est en fait que la pointe émergée d'une montagne volcanique de 4000 mètres de haut autour duquel foisonne une vie animale et végétale de la surface aux profondeurs, une faune et une flore désormais protégées... Requins-marteaux halicorne, raies mantas ou aigle ocellée, poissons lanternes, méduses dorées et murènes peuplent le Malpelo nordiste, et c'est plus de 10.000 spécimens qui évoluent gracieusement et en toute quiétude (normal il s'agit du Pacifique) devant les yeux ébahis du visiteur qui emprunte notamment un tunnel de verre sous cette mer.Mais Nausicaa qui se consacre également à l'étude ne se veut pas que spectaculaire, et dispose tout au tour du bassin un parcours " méandreux ", prétexte pour évoquer par des bornes interactives, panneaux, images et films la vie des grandes profondeurs, l'importance de ces grands fonds dans l'équilibre environnemental de la planète, les richesses naturelles et animales insoupçonnées qu'ils renferment.Outre cette visite spectaculaire et instructive, le centre de la mer propose également une visite des coulisses que l'on recommande : véritable visite de la salle des machines, elle permet de mieux comprendre le fonctionnement de ce bassin, la manière dont les diverses espèces sont nourries et parviennent de la sorte à cohabiter sans se dévorer : on y apprend par exemple que le requin, contrairement aux idées reçues, mange peu, une fois tous les quatre jours un morceau de poisson de quelques kilos (du lieu en général) seulement.Outre de petites expos temporaires, Nausicaa a par ailleurs relifté son expo phare des débuts, intitulée des rivages et des hommes ; avec toujours une balade au milieu d'une mangrove, son bassin californien peuplé de requins léopards, d'émissoles et de demoiselles garibaldis, un espace consacré aux trois mers françaises, Nord, Manche et Méditerranée, aussi bien au niveau naturel que de l'intervention de l'homme notamment.Le cycle des méduses a été réaménagé et propose une découverte en profondeur de l'importance de la vie planctonique (le plancton est par définition un organisme qui dérive dans les eaux, comme la méduse), la séquence planète bleue écologiquement renforcée (on y insiste sur l'importance des " produits " de la mer dans la fabrication de médicaments, ou de cartilage marin dans la fabrication de prothèse notamment). On y apprend aussi qu'une goutte d'eau met entre 500 et 1.000 ans pour faire le tour du globe, en passant par divers courants, grands fonds et surface.La grande différence par rapport à l'ancienne mouture de ce parcours, est l'importance, plus encore qu'à l'époque, accordée aux défis écologiques (notamment dans la partie consacrée aux pôles (avec en vedettes les lions de mer de Californie et les manchots) symbolisés par la partie dévolue aux îles, à leurs écosystèmes, leur faune leur flore, et qui donne la parole aux insulaires du Pacifique, lesquels au travers d'interviews et d'images spectaculaires (notamment au large de la Papouasie), illustrent ce en quoi la montée des eaux signifie pour eux : l'occasion de visualiser concrètement à quel point les phénomènes climatiques mettent en péril leur existence même, mais également leurs traditions et leurs environnements. Spectaculaire certes, mais surtout édifiant.Bref, ce nouveau Nausicaa est loin d'être un coup dans l'eau...